Zabih Yaqubee, réfugié et éclaireur du «Belem», ne veut pas être oublié
07 May 2025

Zabih Yaqubee, réfugié et éclaireur du «Belem», ne veut pas être oublié

Reportage France

About

Il y a tout juste un an, Marseille vivait en avant-première la ferveur des Jeux olympiques et paralympiques. Le 8 mai 2024, la flamme olympique arrivait dans la cité phocéenne depuis Athènes. Transportée à bord du Belem, elle était escortée par quinze éclaireurs, des jeunes en quête d’une insertion professionnelle. Parmi eux, un réfugié afghan, Zabih Yaqubee, 26 ans. Il travaille désormais dans un chantier naval à la Rochelle, mais peine à stabiliser sa situation administrative et familiale.

À première vue, c’est un labyrinthe. Pas facile de s’orienter dans l’immense chantier naval en pleine effervescence, alors nous sommes guidés jusqu’au département menuiserie où nous attend Zabih Yaqubee. Le jeune homme travaille sur l’aménagement d’un imposant catamaran : « Je construis les chambres, la cuisine, la salle de bain, les toilettes, avec du bois », explique-t-il. Grâce au voyage olympique à bord du Belem, Zabih Yaqubee dit avoir trouvé sa voie, toujours dans l’univers marin : « Avant de travailler ici, j’étais un peu perdu dans ma tête, je ne savais pas quoi faire. Ce voyage m'a donné envie de travailler dans l’univers du bois et celui des bateaux ». 

Zabih Yaqubee

Après avoir quitté l’Afghanistan, Zabih Yaqubee s’est réfugié en France en 2021. Et dans ses nouveaux habits de menuisier, dit-il, il a retrouvé confiance en lui. “Quand tu vois tout ce que tu as fait à la fin de ta journée, tu te dis que tu es quelqu’un de fort, un vrai menuisier ! savoure le jeune homme. « Avant, je n’étais pas capable de terminer un travail joli et propre tout seul. Aujourd’hui quand je vois et je touche, c’est vraiment artistique ». Zabih Yaqubee passe régulièrement sa main sur le bois travaillé afin de relever d’éventuelles impuretés, « c’est la sensation qui me rend heureux et fier à la fin de mon boulot ».

« Il ne faut pas nous oublier »

Sur son téléphone, Zabih conserve les souvenirs de l’arrivée à Marseille à bord du Belem. Un an plus tard, ce métier de menuisier lui plaît, mais il se dit découragé par le maigre salaire qu’il perçoit. Il est insuffisant pour aider sa famille, notamment sa femme installée en Iran, où les cours de français ont un coût élevé : « J’ai fait une demande de regroupement familial, mais malheureusement ç'a été refusé, car jusqu’alors, mon salaire n’était pas au niveau du SMIC [le salaire minimum, ndlr] ». Alors le jeune homme prévoit de faire une nouvelle demande dès que possible. En attendant, c’est un sentiment d’abandon qu’éprouve le réfugié : « Représenter la flamme olympique et la France, c'est une grande chose. Mais, il ne faut pas nous oublier aussi. Il faut nous aider. Aidez-moi à faire venir femme, aidez-moi au niveau du logement, du travail, de la vie quotidienne, pour changer vraiment ma vie ». Une vie que Zabih Yaqubee espère poursuivre en France. Il a sollicité un renouvellement de son titre de séjour, mais attend toujours une réponse, huit mois après sa demande.

À lire aussiEn France, les réfugiés peinent à accéder à l'emploi