Vivre sous 50 degrés
17 June 2025

Vivre sous 50 degrés

Reportage France

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Des températures dépassant les 40 degrés... Si pour certains auditeurs de RFI, elles sont monnaie courante, en France, elles le sont moins. Et pourtant, selon les scientifiques, des températures de 50 degrés à l'ombre risquent de devenir monnaie courante d'ici à quelques décennies si nous ne luttons pas mieux contre le réchauffement climatique. Pour comprendre dans sa chair, pendant quelques minutes, ce que c'est que de vivre dans une telle chaleur, et entrevoir les risques pour les êtres humains, The Human Adaptation Institute a lancé une chambre climatique. Une pièce, à l'arrière d'un camion, dans laquelle il fait 50 degrés. On peut y faire toutes sortes d'activités de la vie courante. Elle parcourt la France pour sensibiliser la population et la pousser à agir pour éviter d'en arriver là. Reportage lors d'un passage de la chambre climatique à Marseille. 
 

« Il fait très chaud, mais tant qu'on ne fait rien, franchement ça a l'air d'aller ». La chaleur ne semble pas insurmontable au premier abord à Martin Estivals, 26 ans, qui teste la chambre climatique. Il entame un premier exercice : marcher dix minutes sur un tapis électrique avec une allure normale, comme pour aller au travail, promener son chien, ou aller faire ses courses.

« Une activité juste du quotidien, pas particulièrement sportive. Pour l'instant, ça fait seulement deux minutes, ça va. Mais j'ai un peu l'impression que le cœur bat un peu plus vite alors que c'est seulement de la marche. La seconde activité qui nous est proposée, c'est des tests d'agilité, donc on va voir ce que cela va donner, si on y arrive ou pas ».

La tête chaude, un brin engourdi, il s'assied ensuite devant de petits jeux simples : il doit passer un anneau sur une tige en métal. « On doit faire passer un parcours sans toucher. Si on touche, il y a un bip ». Et très vite, il se rend compte de sa maladresse. A côté de lui, Emma Louise Robeyns, 21 ans, n'y arrive pas mieux : « Je ne sais pas si je pourrais passer 24h dans cette situation. Trente minutes, cela me paraît faisable. Mais c'est vrai qu'il fait chaud quand même ».

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Et plus les minutes passent, plus la chaleur l'affecte. Le dernier exercice, plus cérébral, est le plus difficile : « J'ai l'impression d'avoir plus de mal à réfléchir, à décrypter ce que l'on me dit, à lire. Je trouve ça compliqué de se concentrer, c'est le genre de moment où on se recentre sur nos capacités vitales et le reste, on oublie un petit peu. J'ai très chaud, je colle, ce n'est pas très agréable. Je crois qu'on peut sortir, non ? Cela va faire du bien ».

Même l'eau, servie à température ambiante, ne rafraîchit pas. On dirait du thé. Après une demi-heure dans la chambre climatique, les deux cobayes s'en tirent avec un peu de fièvre, pas mal de transpiration, quelques vertiges et des maux de tête. Une expérience qui vise à leur faire pendre conscience de l'urgence à diminuer notre impact sur le climat mondial.

Christian Clot, l'explorateur spécialiste de l'adaptation humaine, est à l'origine de cette chambre à 50 degrés : « Ça durera quelques heures, quelques jours, puis cela retombera. Puis, petit à petit, si on n'arrive toujours pas à réduire la température mondiale, alors cela durera plusieurs semaines de suite. C'est ce que l'on doit absolument éviter ».

Malheureusement, on pourrait avoir ce genre de température en France à partir des années 2050, 2060. Diminuer nos émissions de gaz à effet de serre est vital : les décès liés à la chaleur augmentent d'année en année. 500 000 personnes en sont mortes en 2023, selon un rapport du Lancet, le journal médical de référence.

 

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