
Un nombre record de visiteurs à Notre-Dame de Paris, un an après sa réouverture
Reportage France
Le 8 décembre 2024, la cathédrale Notre-Dame de Paris rouvrait ses portes après cinq années de travaux titanesques à la suite de l’incendie d’avril 2019. Depuis, sa fréquentation atteint des sommets : d’ici la fin de l’année, plus de 11 millions de touristes et de fidèles l’auront visitée, faisant de Notre-Dame le monument le plus fréquenté de France en 2025 et l’un des plus visités au monde. Face à ce succès populaire, la cathédrale a opéré quelques adaptations. Une nécessité pour préserver l’équilibre entre l’aspect spirituel et patrimonial de Notre-Dame.
Une larme coule sur la joue de Jessica. Cette Américaine vient d’achever la visite de Notre-Dame et peine à cacher son émotion : « Ce sont de bonnes larmes, car c’était une expérience joyeuse. Ce bâtiment est magnifique. La façon dont il a été construit, le travail artistique à l'intérieur, les vitraux, les statues, les peintures, tout est incroyable. C'était vraiment l’un de mes rêves, alors je suis contente d'être venue », explique cette touriste originaire de Californie. Avec son frère, ils ont déposé un petit cierge en hommage à leur père, décédé en début d’année. « Cela me remplit de joie. »
Depuis la réouverture de la cathédrale, la fréquentation de l’édifice ne désemplit pas. Le diocèse a fait les comptes : l’année 2025 devrait être celle de tous les records avec un peu plus de 11 millions de fidèles et de touristes accueillis, plaçant Notre-Dame sur la première marche du podium des monuments les plus fréquentés de France. Sur le parvis, où une file d’attente s’étire, on y entend toutes les langues. Les touristes étrangers représentent un tiers des visiteurs.
« La cathédrale ne cherche pas à faire du nombre »Le nombre d’entrées a aussi été dopé par la reprise des visites guidées en juin dernier. « Les créneaux se remplissent tellement vite que nous sommes obligés de refuser du monde », admet Théo Abramowicz, président de la Fédération nationale des guides interprètes et conférenciers. Ce guide-conférencier organise des visites avec des étrangers. Mais en ce matin de décembre, c’est à une vingtaine d’Hexagonaux qu’il s’apprête à faire visiter Notre-Dame. Celui-ci constate d’ailleurs un nouvel attrait pour la cathédrale chez les Français : « Je remarque de plus en plus de personnes qui viennent parfois d’autres régions de France et bloquent leur journée uniquement pour visiter Notre-Dame, c’est quelque chose de nouveau. »
À l’intérieur de la cathédrale, les messes attirent jusqu’à un millier de fidèles et il n’y a jamais eu autant de pèlerinages d’après le diocèse, plus de 600 cette année, une nouveauté là aussi. Un succès populaire, donc, mais que tient à modérer Olivier Ribadeau Dumas, recteur-archiprêtre de Notre-Dame de Paris : « La cathédrale ne cherche pas à faire du nombre », explique-t-il. D’autant que la forte fréquentation pose aussi un défi de taille, celui de la gestion des flux. « Il s’agit de permettre que le culte ait lieu au milieu des gens qui circulent ». Alors pour concilier les usages de Notre-Dame, il a fallu opérer quelques adaptations : « Nous limitons les entrées pendant les offices à trente personnes par minute dans la cathédrale, contre cinquante en dehors des offices », précise Olivier Ribadeau Dumas.
Offrir un meilleur confort de visiteAccueillir moins pour accueillir mieux, c’est aussi le choix qui a été retenu pour la visite (payante, celle-ci) des deux tours de Notre-Dame que l’incendie avait menacé de faire s’écrouler. La jauge de visiteurs à l’année a été abaissée à 400 000 contre 450 000 avant le sinistre. Le parcours a aussi été totalement repensé pour améliorer l’immersion visuelle et sonore, explique Julie Schafir, cheffe de projet au Centre des monuments nationaux, à qui revient la gestion des deux tours : « On offre au visiteur un meilleur confort de visite, une possibilité de s’émerveiller davantage et l’impression d’avoir le monument rien que pour lui. »
Au terme des 420 marches, nous arrivons au sommet de la tour sud où la vue à 360 degrés sur Paris est imprenable. En redescendant quelque peu, le spectacle est tout aussi saisissant. À présent, le visiteur se trouve sous le gros bourdon de Notre-Dame. Son nom : Emmanuel. C’est la seconde plus grosse cloche de France. Elle ne pèse pas moins de treize tonnes et représente à elle seule un morceau d’histoire unique que le visiteur redécouvre grâce au nouveau parcours : « Auparavant, on pouvait seulement apercevoir de loin les cloches, désormais, nous avons fait le choix de passer sous les cloches », développe Julie Schafir. « Pas d’inquiétude, elles sont bien accrochées », sourit notre guide.
Les deux tours de la cathédrale Notre-Dame rencontrent elles aussi du succès. Depuis leur réouverture en septembre dernier, elles ont déjà accueilli 75 000 visiteurs.
À lire aussiNotre-Dame de Paris, le miracle touristique
À lire aussiSécuriser Notre-Dame de Paris: les défis et les secrets du métier d’échafaudeur [1/9]