Ce lundi 20 janvier, personnels et enseignants font leur retour dans leur établissement, plus d’un mois après le cyclone Chido et la tempête Dikeledi. Les écoles ont été durement impactées. Dans le 1er degré, 39 écoles élémentaires ne sont pas en état de rouvrir. Dans le second degré, 5 établissements sont très endommagés sur 33. Ils vont pouvoir rouvrir, mais avec des jauges très limitées. Au vu de l’état des bâtiments et des fragilités psychologiques du corps enseignant, beaucoup de questions se posent.
De notre correspondante à Mayotte,
« Là, c'est notre accueil qui avait été inondé par Dikeledi. L'entreprise est en train de finir les travaux, ça sera opérationnel pour lundi ». Au collège de Dembéni, le principal adjoint Maxime Makou prépare la rentrée du personnel. Ici, deux salles de classes ont été détruites.
Des dégâts moindres par rapport à d’autres établissements. Comme au lycée du Nord, à Acoua, où des toits ont été arrachés, des murs brisés et la clôture broyée.
Véronique Hummel, professeure documentaliste dans l'établissement, se demande comment faire classe dans ces conditions : « Énormément de salles de classe ne sont pas utilisables. L'électricité n'est revenue qu'un mois après le cyclone et l'eau n'est revenue que mardi 14 janvier au matin ».
À lire aussiMayotte: la rentrée des classes repoussée après les dégâts des cyclones Chido et Dikeledi
Cette rentrée administrative vise d'abord à accueillir le personnel« On s'aperçoit qu'il y a une disparité des vécus. Et il va falloir faire cohabiter toutes ces personnes qui ont chacun une lecture différente de la situation », nous explique Jacques Mikulovic, recteur de l'académie de Mayotte.
Des professeurs étaient absents au moment du cyclone, d'autres l'ont vécu et sont plus ou moins impactés psychologiquement. Alors que beaucoup ont perdu leur logement, la question se pose si les professeurs vont revenir à Mayotte.
L'académie a déjà beaucoup de mal à recruter. Une situation que redoute le rectorat : « Forcément, il y a une crainte parce que certains ont perdu leur logement et se posent la question de savoir comment ils vont faire. Nous, on souhaite qu'ils rentrent et puis qu'ils trouvent la solution et qu'on les accompagne pour trouver une solution aussi ».
À lire aussiMayotte, un mois après le cyclone Chido : récits croisés de reporters [1/2]
Greg Batin est contractuel, il enseigne la physique-chimie dans un collège de Mamoudzou. S’il n’a plus d’appartement, il n'envisage pas non plus de partir. « Le fait d'être contractuel pour ma part, ça n'a pas tellement d'influence, contractuel comme titulaire. C'est plus un engagement qu'on prend vis-à-vis des élèves d'être prof. Donc, personnellement, je compte rester une fois qu'on a vécu ça ensemble. Ça a d'autant plus d'importance de rester, d'accompagner ».
Tous expriment de l’inquiétude pour leurs élèves. « Ce sont des élèves qui sont dans une situation très précaire et, là, l'incertitude est présente, confie Anaëlle Bracieux, qui enseigne le français aux enfants allophones. Quant au fait qu'on n'est pas sûr qu'ils seront tous là à la rentrée, on verra, on attend de voir si ses effectifs seront complets. S'il y en a qui sont partis, s'il y en a qui se sont déplacés, s'il y en a qui ont été blessés ».
Ils se sentent aussi démunis face aux jeunes. « Dans mon quartier, je croise les élèves, alors tous me demandent, et Madame, il faut s'inscrire sur Parcoursup ? Comment fais-je ? Parce qu'il y a des dates à respecter. Très honnêtement, moi, je ne peux pas leur répondre, regrette Véronique Hummel. Je ne sais pas quand ils pourront se connecter parce qu'eux-mêmes n'ont pas de connexion chez eux, encore moins au lycée ».
Et c'est à partir du lundi 27 janvier que les écoles vont rouvrir au 117 000 élèves de l’académie.
À lire aussiCyclone Chido à Mayotte: au bidonville Majicavo Koropa, une enseignante recherche les élèves disparus