Voilà 50 ans que Simone Veil a prononcé son célèbre discours face à l’Assemblée nationale, des mots qui ont marqué l’histoire : « Aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement ». Ce vendredi 17 janvier 2025, cela fait 50 ans, jour pour jour, depuis l’entrée en vigueur de la loi qui dépénalisait l’avortement.
De notre envoyée spéciale à Toulon, dans le Var,
Depuis 1975, nombreuses sont les avancées autour de l’accès à l’Interruption volontaire de grossesse (IVG) en France. La dernière en date donne la possibilité aux sages-femmes de procéder aux IVG instrumentales dans les mêmes conditions que les médecins.
Derrière les portes vitrées de l'hôpital Sainte Musse de Toulon — le Var est le département où l'on recense le plus d’IVG par habitante en métropole —, après un ascenseur et un dédale de couloirs, on peut rencontrer Julia, sage-femme habilitée à pratiquer les Interruptions volontaires de grossesse.
« Tous les lundis, il y a une sage-femme qui fait des consultations d’IVG. Le lundi matin, on est au bloc pour faire les IVG chirurgicales et ensuite, l’après-midi, on a un créneau pour faire des consultations et mettre en place les IVG médicamenteuses ou programmer un créneau de chirurgie », détaille la sage-femme.
Les IVG chirurgicales, ce sont celles qui nécessitent une opération et qui permettent aux femmes d’avorter jusqu’au délai maximum légal de 14 semaines de grossesse. Les sages-femmes volontaires, comme Julia, peuvent le pratiquer depuis avril dernier. « Le but, c'était de pouvoir répondre à une demande croissante, de garantir un accès du droit à l’IVG et de pouvoir répondre à la demande des patientes, explique Julia. Très souvent, lors des appels, elles nous disent : "Je veux que ça soit vite et que ça se passe vite". »
Alors, Julia et une de ses collègues se relaient chaque semaine. « Il y a un lien de confiance qui est tissé et nous permet de les mettre dans un vrai parcours de soins, qu’elles soient suivies », se réjouit la sage-femme.
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Une avancée pour les sages-femmes et les femmesUne avancée pour les sages-femmes, mais surtout pour les femmes, explique le docteur Quentin Berl, gynécologue-obstétricien et responsable du réseau Ville-hôpital sur les IVG de Toulon : « C’était une demande depuis assez longtemps de certaines sages-femmes qui faisaient déjà les IVG médicamenteuses en ville. C’est un acte qui techniquement, avec une formation, peut être réalisé en toute sécurité. Et la possibilité pour ces sages-femmes de le faire, c’est vraiment une très bonne avancée pour faciliter l’accès. »
Parfois, avant de pousser les portes de l’hôpital, les futures patientes s’adressent au Planning familial varois. Dans des locaux, en pleine ébullition pour cette date anniversaire de la loi Veil, Valérie, conseillère au Planning familial de Toulon, explique avoir déjà observé les bénéfices de l’autorisation pour les sages-femmes de pratiquer l’IVG instrumentale : « Maintenant que les sages-femmes ont l’autorisation de le faire, ça nous permet aussi de libérer des créneaux pour la contraception, de permettre à d’autres femmes de venir. »
Même si on peut toujours aller plus loin, selon elle : « Nous, au niveau de l’IVG instrumentale, on oriente. Ça permet d’avoir un accès à l’IVG plus important, de pouvoir répondre à la demande. Après, la sage-femme, elle va poser un acte médical. Moi, je suis pour la formation du personnel médical à pouvoir écouter et entendre leurs ressentis et leurs émotions. Que ça ne soit pas qu’un geste médical. »
En France, plus d’un avortement sur cinq est réalisé par voie chirurgicale.
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