Les atouts de la fabrication de rails «bas-carbone» sur le territoire français
12 February 2025

Les atouts de la fabrication de rails «bas-carbone» sur le territoire français

Reportage France
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Fin janvier, SNCF réseau et l'entreprise sidérurgique Saarstahl Rail, leader européen du rail, ont signé un contrat de 1,3 milliards d'euros pour la fabrication de rails « verts ». Un exemple de recyclage et d'économie circulaire à l'échelle industrielle qui doit permettre à la SNCF de baisser sensiblement son empreinte carbone sur son réseau ferroviaire. Les 27 000 kilomètres de voies sont vieillissantes et chaque année, la SNCF retire 150 000 tonnes d'acier de son réseau pour les remplacer par des rails neufs, qui sont désormais « bas-carbone ».

Audioguide aux oreilles, nous commençons la visite – dans un vacarme assourdissant – de l'usine de Saarstahl Rail, en Moselle, dans l'Est de la France. Nous suivons Amine Basraoui, responsable de production chez Saarsthal Rail : « Ça, c'est le départ de l'usine. On reçoit ces blooms par train, à raison d'environ six trains par jour. On va charger ces blooms dans nos fours qu'on va aller voir tout de suite. »

Le bloom est la matière première qui sert à la fabrication du rail. « Pourquoi ce bloom est décarboné ? Le procédé standard par haut fourneaux utilise du charbon – du coke – qui fait qu'on a beaucoup de production de CO2. Le procédé par élaboration électrique permet de recycler de manière vertueuse le rail de réemploi. Ils sont refondus pour reproduire de la matière première, donc les blooms qu'on va utiliser ici, à Hayange. »

Des bienfaits écologiques et économiques

Grâce au four à arc électrique, la fabrication de ces rails « verts » génère 70% de gaz à effet de serre en moins qu'avec le processus traditionnel par haut fourneaux. Et pour Mathieu Chabanel, le PDG de SNCF Réseau, il y a un autre avantage : « Ce contrat avec du rail recyclé est un contrat qui est économiquement performant. Donc on allie écologie et économie avec des rails qui sont fournis à ''bas-carbone'', mais dans des prix très compétitifs. »

La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, présente dans l'usine de Saarstahl Rail, applaudit : « On a fait la démonstration qu'on était capable, en France, de conjuguer industrie et écologie, alors même qu'on nous disait que la transition écologique risquait de mettre à bas notre industrie. C'est la transition écologique qui a sauvé ces deux sites industriels. »

Le recyclage des rails marque la fin de la dépendance aux métaux

Pour Mathieu Chabanel, c'est « une grande satisfaction pour SNCF réseau que ces rails sont produits en France ». « Ça simplifie aussi nos chaînes logistiques, et donc c'est très utile pour nous. Et d'ailleurs, 97% des achats de SNCF réseau se font auprès d'entreprises localisées dans notre pays », appuie le PDG de SNCF Réseau.

Enfin, le recyclage des rails permet à la France de sortir de sa dépendance aux métaux : « Nous sommes dépendants sur la fourniture de métal à 99,7%. Les ressources sont en train de devenir plus rares. Ça va être une guerre pour accéder aux ressources les plus essentielles, le métal, l'énergie, et il nous appartient aujourd'hui d'être capable de construire cette souveraineté. Et elle passe évidemment par la transition écologique », précise Agnès Pannier-Runacher.

Au terme de ce contrat de six ans, la totalité du réseau ferroviaire français devrait être équipé de rails « bas-carbone ».

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