Expulsés de la Gaîté Lyrique le 18 mars dernier après quatre mois d'occupation, de nombreux mineurs isolés se sont retrouvés à la rue du jour au lendemain. C'est le cas d'une quinzaine d'élèves du lycée Jacques Decour, dans le centre de Paris. Grâce à la solidarité collective, tous ont pu être relogés.
Au tableau, Angélique Lemasson, professeure d'histoire-géographie. En face d'elle, six élèves de la classe pour étrangers du lycée Decour, à Paris. Certains sont des mineurs non accompagnés qui occupaient la Gaîté Lyrique. C'est le cas d'Alhassane. Après l'expulsion de mars, le mineur de 16 ans s'est retrouvé à la rue. « Quand tu dors dehors, tu ne peux rien faire. Tu cherches où aller manger, se laver. Cela va te prendre beaucoup de temps. Quand tu rentres dans le campement, tu n'as pas envie de réviser, t'as été ailleurs, tu ne peux rien faire », explique-t-il.
Une situation inadmissible pour le professeur en charge de la classe. C'est avec stupéfaction que Sylvan Lemaire a appris la situation d'une quinzaine de ses élèves. « Le jour de l'expulsion de la Gaîté Lyrique, un élève m'envoie très poliment un message pour me dire qu'il ne sera probablement pas en classe parce qu'ils sont encerclés par la police. C'est là que j'ai découvert qu'on avait un certain nombre d'élèves qui dormaient à la Gaîté Lyrique. Et qui, de ce fait-là, se retrouvaient à la rue à partir du moment où la Gaieté était expulsée », raconte-t-il.
Après quelques échanges de SMS, collègues et parents d'élèves se mobilisent. Une semaine plus tard, Alhassane est relogé. « Heureusement pour moi, le lycée, avec la solidarité des parents d'élèves, des enseignants, a pu trouver un studio avec mon amie », témoigne-t-il. Grâce à la naissance de l'association Decour, un élève, un toit, plus aucun élève n'est à la rue. Un élan de solidarité lancé par les enseignants et les parents d'élèves, comme cette mère d'un collégien. « C'est chacun, individuellement, qui a fait un geste, soit de proposer un hébergement, soit de contribuer à la cagnotte », salue-t-elle.
Une cagnotte qui s'élève désormais à près de 15 000 euros. Mais impossible de se dire satisfaits, car les solutions d'hébergement sont temporaires, regrette la professeure d'histoire-géographie, Angélique Lemasson : « Nous, ce qu'on voudrait, c'est que le rectorat rétablisse des solutions pérennes. On a des familles qui sont dans des structures très précaires. Nos élèves sont hébergés d'une manière temporaire, mais sont hébergés pour le moment. Le problème, c'est que ce n'est pas pérenne. On ne sait pas ce que cela va donner cet été, par exemple. » Et parmi les jeunes de la Gaîté Lyrique, nombreux sont encore à la rue. Une quinzaine sont des amis d'Alhassane. Les membres de l'association Decour essaient donc d'élargir la mobilisation à d'autres établissements de la capitale.
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