C’est la prochaine échéance électorale prévue en France. Les élections municipales ont lieu en mars 2026, dans moins d’un an. Selon une enquête du Cevipof, publiée il y a une semaine, seulement 42 % des maires souhaitent se représenter. Un chiffre stable qui traduit tout de même une tendance : de nombreux élus préfèrent tout arrêter plutôt que de réaliser le mandat de trop. C’est notamment le cas dans les petites communes où certains élus, désabusés, alertent sur une fonction devenue trop chronophage, voire délétère pour leur santé mentale.
Nous sommes à la Chapelle Saint Rémy, département de la Sarthe à l’ouest de la France. Petite commune dotée d’une église multicentenaire, d’un lotissement bientôt neuf, et pour l’animer, un millier d’habitants. Certains plus exigeants que d’autres avec le maire, Dominique Edon. « Il y a deux ou trois ans, un habitant m’a appelé chez moi pour me dire que le pollen du voisin de son arbre tombait chez lui. Que voulez-vous que je fasse ? Je ne vais pas aller couper l’arbre », se demande-t-il.
Dominique Edon a longtemps hésité, mais après deux mandats, il rangera l’écharpe tricolore l’année prochaine. Avec certains habitants, le dialogue est devenu impossible, dit-il. « S'il y a quelque chose, c’est la faute du maire, le maire n’a rien fait », déplore-t-il.
Exemple avec l’installation de panneaux photovoltaïques, au-dessus du terrain de pétanque du village. « L’été, quand il fait chaud, cela nous permet de descendre la température d’une dizaine de degrés. Les habitants ont dit "non, on n’en veut pas, notre maison va perdre de la valeur". Cinq, six personnes commencent à former un petit groupe et c’est parti. Donc, on a décidé d’arrêter le projet. Pour moi, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », explique-t-il, désabusé. « Je suis fatigué. Dès fois, quand je rentre chez moi, mon épouse me dit : "mais lâche un petit peu la mairie parce que je te sens énervé un petit peu". Ça nous prend aux tripes, on va jusqu’au bout, on essaye de faire le maximum. Moi, je sais que j’ai fait le maximum pour ma commune ».
Camille Pouponneau, elle, a été maire de 2020 à 2024, quand elle a démissionné, épuisée par une fonction dont les marges de manœuvre sont de plus en plus étroites. « Aujourd’hui, il y a un vrai décalage entre ce que les habitants pensent que vous pouvez faire et ce que vous arrivez à faire réellement. Chaque action est un combat parce qu’il y a des normes très fortes, puisqu'il n’y a pas de moyens. C’est cela qui est usant », soupire-t-elle. L’élue s’est accrochée aussi longtemps que possible, jusqu’à ce que sa santé en décide autrement. « Je ne dormais plus, car j’avais des crampes à l'estomac en permanence. Je savais bien que si je ne m'arrêtais pas, c’est mon corps qui me rattraperait », raconte-t-elle.
Alors avec ce témoignage, Camille Pouponneau veut alerter sur la santé mentale des maires, un sujet encore tabou. « C’est une fonction où vous devez toujours faire bonne figure, donner l'impression que vous avez une solution à tous les problèmes. Résultat, quand c’est dur, quand ça ne va pas, quand vous vous sentez seul, quand vous n’y arrivez plus, personne n’en parle », regrette-t-elle.
Camille Pouponneau espère désormais une chose : qu’avec les élections municipales et présidentielles, la santé mentale des maires soit enfin considérée.
À lire aussiAnne Hidalgo, maire de Paris: aux prochaines municipales, «il faut choisir le meilleur candidat»