En difficulté, la librairie El Ghorba Mon Amour à Nanterre appelle au soutien pour Noël
21 December 2025

En difficulté, la librairie El Ghorba Mon Amour à Nanterre appelle au soutien pour Noël

Reportage France

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SOS Librairie en détresse. À l'approche des fêtes de Noël, les libraires indépendantes encouragent leurs clients à acheter leurs livres dans leurs commerces plutôt que de céder aux sirènes d'Amazon, géant de l'e-commerce, ou à celles des grands magasins. À Nanterre, en banlieue parisienne, les fondatrices de la librairie El Ghorba Mon Amour ont appelé les lecteurs à l'aide. Elles pourraient mettre la clef sous la porte, menacées par la concurrence des grosses structures. Un appel miraculeusement entendu.

Dernière ligne droite avant Noël. Lucie, l'une des trois fondatrices de la librairie, a le sourire. Le SOS lancé sur les réseaux sociaux semble porter ses fruits. En novembre, les trois amies qui tiennent la boutique préviennent tous leurs clients : si les chiffres de fin d'année ne sont pas bons, ce mois de décembre pourrait être leur dernier. 

« On fait à Noël à peu près 25 % du chiffre d'affaires. C'était une manière de rappeler que l'on propose une librairie indépendante, que le prix du livre il va être pareil, commandé sur internet ou ici. Ici vous allez bénéficier d'écoute et de conseils en fonction de vos lectures », explique Lucie.

Installé dans un quartier populaire de Nanterre, à distance du centre-ville, le petit commerce partait déjà avec une difficulté géographique. Pour Halima, qui fait aussi partie du trio, un retrait de subvention régionale inexpliquée et la petite santé du marché du livre n'ont rien arrangé. 

« Je pense qu'on le subit doublement. Nous, en périphérie, on a affaire à une clientèle beaucoup plus diversifiée, sociologiquement. Principalement impactée par l'inflation et, de fait, l'achat libre devient plus compliqué, particulièrement sur des territoires comme le nôtre », précise Halima. 

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« On a eu beaucoup de gens, beaucoup de maires qui sont venus récupérer des flyers pour venir les déposer dans des boîtes aux lettres de leurs immeubles, pour aller sur les marchés. Ça a énormément tourné dans les écoles. Le club de foot de Nanterre a relayé à ses 1 400 adhérents », raconte Lucie.

La municipalité, sensible à leurs difficultés financières, a même voté en urgence une subvention de 10 000 euros, fléchés vers le loyer. Tout n'est pas gagné, mais Halima et Lucie retrouvent un peu d'oxygène

« C'est rendu possible par la loi Darcos qui permet aux collectivités locales de pouvoir accompagner certains commerces, dont les librairies indépendantes », dit l'une. « D'autant plus, dans le contexte politique dans lequel on est, ça n'est pas rien qu'une municipalité soutienne un lieu de débat, de transmissions. C'est un soutien qui s'est fait dans le sillage du soutien des habitants », ajoute l'autre. 

Leur survie est aussi hautement symbolique. Il y a encore cinquante ans, là où les livres remplissent aujourd'hui les étagères, des milliers de familles algériennes, marocaines, portugaises ou italiennes vivaient entassées dans un bidonville. Le nom de la librairie - El Ghorba Mon Amour - résume bien son attachement pour les récits qui racontent l'exil, qui racontent l'histoire même des clients qui s'y aventurent. 

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