Sur les traces des premiers Gabonais de la préhistoire [1/3]
24 April 2025

Sur les traces des premiers Gabonais de la préhistoire [1/3]

Reportage Afrique

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Au cœur du Gabon, le parc national de Lopé-Okanda, le plus ancien du pays, est célèbre pour sa faune et pour sa flore, mais c'est son patrimoine humain qui lui a permis d'être inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco en 2007. En effet, le parc abrite des preuves de fréquentation humaine vieille de plus de 400 000 ans, dans ce qui semblait être une voie de passage importante pour les Gabonais de la préhistoire. Visite en compagnie des agents de l'Agence nationale des parcs naturels.

De notre envoyé spécial de retour du parc Lopé-Okanda,

« Nous sommes sur le site de Lopé qui date de 9 000 à 3 000 ans avant Jésus-Christ. », Entre savane et forêt, Prosper-Prost Ntoutoume-Bah est comme chez lui sur le plateau qu'il nous fait visiter. Aux pieds du conservateur adjoint en charge du patrimoine et du tourisme, de multiples pierres, dont certaines ont des formes caractéristiques.

« Il s’agit d'un atelier de taille. C'était une usine préhistorique pour fabriquer des outils en pierre. Nous supposons que dans le bosquet derrière nous, là-bas aurait dû être le village. Il n'habite pas là, mais il s'installe là juste pour fabriquer ses outils et les ramener au village. Parfois, on peut trouver des préformes, des nucléus qu'il a commencé à tailler. Et vous voyez un peu comment, en regardant au sol par hasard, nous avons pris un pic. Cet enlèvement pointu sert à la chasse. C'est surtout pour désarticuler les animaux qui ont été pris en chasse. Il garde ce bout pointu et il va viser les parties des articulations qui sont fragiles pour séparer les membres. »

L’étude en cours d'une fosse dépotoir, récemment découverte sur le site, permettra de mieux comprendre le régime alimentaire et les méthodes de cuisine de ces chasseurs-cueilleurs. Plus loin, surplombant l'Ogooué, le superbe site de Kongo-Mboumba 7, sur les roches, des cercles frappés au burin comme une carte datée de l'âge du fer, il y a 2 000 ans. « Ces cercles se détachent des chaînes. Tout ce côté gauche semble être antérieur et le côté droit a été ajouté par d'autres populations qui sont arrivées beaucoup plus tard. Les métallurgistes fabriquaient leur matériel, transformaient le minerai ici sur place. Alors ce trajet migratoire semble montrer un chemin, un chemin où le premier groupe arrive, il laisse un signe pour dire  "Nous sommes passés par là et nous avons occupé ce lieu". Peut-être que le nombre de cercles va donner la taille de la population qui a été là. Ou bien que ce sont des étapes franchies. Mais en considérant cet endroit comme une étape majeure. »

Ces gravures rupestres n'ont pas livré tous leurs secrets, mais sont menacées par l'érosion et l'activité humaine. Le parc national de Lopé-Okanda compte au moins 150 sites d'intérêt archéologique : « C'est pour cela qu’on l’appelle Lopé. C'est un musée à ciel ouvert parce que partout, on trouve des pierres taillées. On trouve des restes de poteries. Les gens ont habité, ont habité partout ici. »

Un potentiel qu'aimeraient explorer les équipes de conservation avec davantage de moyens humains et techniques pour approfondir les connaissances sur le Gabon préhistorique.

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