![Sports traditionnels: le morengy, le sport de combat qui fait vibrer Madagascar [4/10]](/_ipx/_/https://images.zeno.fm/NGMjeFzG8hrRc2eUePP2TwoRFJJQdlnN1wpFHpzlL2g/rs:fill:512:512/g:ce:0:0/aHR0cHM6Ly9zLnJmaS5mci9tZWRpYS9kaXNwbGF5LzIyMGM0ODZjLWM4NjItMTFlYi1hYmU2LTAwNTA1NmE5MTdiOS93OjE0MDAvcDoxeDEvaXR1bmVzXzE0MDB4MTQwMF9SZXBvcnRhZ2VBZnJpcXVlLmpwZw.webp)
Sports traditionnels: le morengy, le sport de combat qui fait vibrer Madagascar [4/10]
Reportage Afrique
C’est un sport de combat traditionnel malgache qui fait vibrer villes et villages du grand nord de l’île chaque dimanche. Le morengy, c’est son nom, serait apparu dès le XVIIᵉ siècle, sur la côte ouest de Madagascar. Un sport de frappe et de force brute hérité de rites initiatiques, où les combattants, sortes de gladiateurs des temps modernes, jouent leur honneur... et leur salaire à chaque apparition. Ici, pas de gagnant officiel : le public est maître, la victoire se joue à coups de cris et d’applaudimètre. Coup de projecteur sur cette pratique en mal de reconnaissance.
Pieds nus, vêtus d’un simple short, torses enduits de vaseline et mains simplement bandées, deux combattants s’affrontent au centre de l’arène en terre battue. Autour d’eux, une foule en délire hurle, boit, mâche du khat et danse, sur les rythmes effrénés de Salegy diffusés par une sono aux décibels saturés.
Au bord de la piste, Omar Bongo, 31 ans, s’apprête à en découdre. Visage constellé de cicatrices, biceps saillants parés de gris-gris, la star de Diego Suarez, capitale du morengy, raconte comment elle s’est fait happer par ce sport il y a une décennie.
« Avant, je pratiquais la boxe anglaise. Mais ça ne rapportait pas assez d’argent, alors que dans le morengy, il y a de gros contrats. Parfois, je peux gagner jusqu’à un million d’ariary (200€) par combat. Dans ma vie, j’aime bien le morengy parce qu’il y a de l’argent à se faire. Et ça me permet de faire vivre ma famille. »
Une pratique qui ne fait pas l'unanimitéS’il est interdit de frapper son adversaire à terre, tous les coups sont permis ou presque, faisant du morengy un sport décrié dans certaines zones de l’île où il n’est pas pratiqué. Mais pour Thierry Saidani, le maître d’Omar Bongo, il est temps de faire évoluer les mentalités : « On a toujours classifié et qualifié le morengy comme un sport de sauvages alors que c'est un sport de respect. C'est un sport d'humilité, une tradition ancestrale malgache. Il faut qu'il soit hissé au rang de sport national ».
À plus de 1 000 kilomètres de là, dans la capitale, Max, 28 ans, semble comme électrisé, seul sur son écran de téléphone. « Allez, allez, vas-y, vas-y, allez, fonce ! Double bolo, ne recule pas ! Tu es courageux ! »
Chaque fin de semaine, c’est le même rituel pour cet originaire du nord, fan de morengy. « Qu'importe ce que ça doit me coûter en termes de crédits data, je regarde tous les dimanches soir sur mon téléphone les plus beaux combats du jour dans l’île, parce que j’aime trop ce sport. Ça me donne l’impression d’être là-bas... Ce que j’adore par-dessus tout, c’est quand les combattants s’affrontent poings contre poings, qu’ils ne fuient pas malgré les coups... Le morengy, c’est pratiqué au nord, c’est vrai. Mais dans n’importe quelle région, vous trouverez du public qui dépense son argent pour regarder les combats ! Il est temps que ce sport rende célèbre Madagascar ! »
Un sport traditionnel malagasy, que beaucoup aimeraient professionnaliser pour mieux faire reconnaître l'île... à l’image de la lutte sénégalaise.
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