![Sports traditionnels: la tbourida, ou l'art équestre de la fantasia à la marocaine [2/10]](/_ipx/_/https://images.zeno.fm/NGMjeFzG8hrRc2eUePP2TwoRFJJQdlnN1wpFHpzlL2g/rs:fill:512:512/g:ce:0:0/aHR0cHM6Ly9zLnJmaS5mci9tZWRpYS9kaXNwbGF5LzIyMGM0ODZjLWM4NjItMTFlYi1hYmU2LTAwNTA1NmE5MTdiOS93OjE0MDAvcDoxeDEvaXR1bmVzXzE0MDB4MTQwMF9SZXBvcnRhZ2VBZnJpcXVlLmpwZw.webp)
Sports traditionnels: la tbourida, ou l'art équestre de la fantasia à la marocaine [2/10]
Reportage Afrique
On poursuit notre série dédiée aux sports traditionnels. On part aujourd'hui pour le Maroc, où une pratique très ancienne continue de déplacer les foules : la tbourida, appelée en français la fantasia. Chevauchant des montures richement harnachées, des cavaliers tout aussi élégants simulent une charge militaire. Elle se termine en apothéose par un tir coordonné de fusils à poudre noire. Des concours de fantasia sont toujours organisés au Maroc pour désigner les meilleures troupes du royaume. L'un d'entre eux s'est tenu récemment à Bouznika, à 40 kilomètres de Rabat.
De notre envoyé spécial à Bouznika,
Des gradins ont été montés le long d'une piste en terre. C'est là que les troupes de fantasia vont s'affronter à tour de rôle. Bouchta, 65 ans, a fait plus de 300 kilomètres pour assister à cette compétition de tbourida, ainsi qu'on appelle ce sport en dialecte marocain. « C'est devenu un sport très populaire, un spectacle aimé de tous. Normalement, même pour un match de foot, il n'y a pas tout ce public », raconte-t-il.
Chapeaux de cowboy ou, plus traditionnels, chapeaux en paille tressée, des personnes de tout âge et de tout milieu social assistent à ces concours où règne une ambiance de fête. « Dans chaque mariage, on amenait des chevaux avant. S'il n'y en avait pas, les gens étaient tout simplement moins nombreux à venir. La tbourida, c'est la colonne vertébrale de chaque grande occasion, comme les circoncisions, les fêtes religieuses », détaille Bouchta.
Le coup d'envoi de la compétition est donné. Un premier passage conclu par les premiers tirs de fusils à poudre noire. La détonation fait vibrer les corps. La fantasia est un spectacle très codifié. Les gestes des cavaliers doivent être synchrones. Chaque passage est évalué par un jury installé en bout de piste.
« Quoi qu'il arrive, tu ne peux pas t'arrêter. C'est une addiction. Tu ressens beaucoup de choses pendant ces concours de tbourida, de la fierté pour toi-même, pour la troupe. C'est un sentiment indescriptible. Mais il y a toujours de la peur, ça, c'est nécessaire. Quand tu pars à la guerre, il y a forcément de la peur et du stress », confie Simohammed, qui pratique ce sport depuis qu'il a sept ans. Il en a 40 aujourd'hui.
Mais la fantasia, selon ce dernier, c'est aussi beaucoup d'amour : « Chez les gens passionnés de tbourida, la relation avec le cheval est plus importante encore que la relation qu'ils entretiennent avec leurs enfants. Ils doivent passer du temps avec leur animal, faire son entretien. C'est une relation divine… » Les cavaliers ne font ça que pour la beauté du geste. On ne gagne pas encore sa vie, au Maroc, grâce à la tbourida.
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