Soudan: l'école Al Shourta à Port-Soudan, un refuge pour les artistes déplacés [3/3]
06 May 2025

Soudan: l'école Al Shourta à Port-Soudan, un refuge pour les artistes déplacés [3/3]

Reportage Afrique

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Pourtant épargnée depuis le début du conflit, Port-Soudan, capitale provisoire depuis la destruction de Khartoum, est la cible d'attaques de drones quotidiennes depuis ce dimanche (4 mai). La ville portuaire accueille des centaines de milliers de déplacés internes, qui vivent chez des proches ou dans des camps de fortune. Parmi eux, des musiciens, qui ont décidé de faire l’école Al Shourta un lieu de refuge et de création.  

De notre correspondante à Nairobi de retour de Khartoum,

Dans la cour de l’école Al Shourta, à côté du marché central de Port-Soudan, on trouve quelques tentes, des chevalets, des instruments de musique et un amplificateur. « Cet endroit est un refuge pour les artistes : musiciens, comédiens, réalisateurs, etc., explique Mohammed Hassan, le coordinateur du lieu. Nous avons quatre pièces. La première est dédiée aux arts plastiques, et celle à côté, c’est le studio de musique. La troisième pièce est consacrée aux arts dramatiques. Et la dernière, tout au fond, c’est là que vivent les familles. Ici, on vit en harmonie. On vient d’endroits très différents et on a vécu beaucoup de choses. Mais les artistes créent l’harmonie. C’est ça la musique. »

Amin organise des ateliers avec des enfants déplacés : « J’essaie, avec la musique et ma guitare, d’apporter quelque chose de bénéfique aux miens. » Avant la guerre, il était professeur de musique et concertiste dans le grand hôtel Corinthia à Khartoum. « Grâce à la musique et à l’art, j’apprends aux enfants à développer leurs capacités, à vivre avec les autres, leur communauté, leur famille, eux-mêmes, expose le musicien. Parce que maintenant tout est ravagé. Dès le début de la guerre, beaucoup de familles sont restées coincées et la vie est devenue compliquée. C’est toujours difficile, mais je peux utiliser mon talent pour m’aider et aider les autres… La vie doit continuer. »

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« Je pense que la musique est bénéfique pour guérir et permettre de rêver à demain »

Cette communauté d’artistes s’est constituée par le bouche-à-oreille. Hassin Abdulaziz Sahan vient du nord de Kordofan et a fait de la musique sa thérapie : « Je pense que la musique est bénéfique pour guérir, permettre de rêver à demain et de regagner espoir, confie le compositeur et interprète. C’est pour cela que j’ai besoin de mes amis, d’artistes comme moi, à mes côtés... J’ai déjà composé plusieurs morceaux sur la guerre, ils parlent de nos maisons abandonnées. L’art fait une énorme différence. On est tous plongés dans cette situation pénible, dans l’obscurité. On a tous besoin de voir la lumière. »

Mais ce sont des nuages de fumée noire que les habitants de Port-Soudan ont vu ces derniers jours. Les drones des Forces de soutien rapide (FSR) ont frappé l’aéroport, une base militaire et une station électrique. 

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