Soudan du Sud: face au choléra, des traitements d’urgence pour sauver des vies [1/3]
13 February 2025

Soudan du Sud: face au choléra, des traitements d’urgence pour sauver des vies [1/3]

Reportage Afrique
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Au Soudan du Sud, les autorités tentent de contrôler l’épidémie de choléra qui dure depuis octobre 2024. Initialement déclarée au Soudan voisin, elle s'est propagée au Soudan du Sud suite à l'arrivée de plus d’un million de personnes fuyant le conflit armé. Le choléra est alors d’abord apparu dans la zone frontalière, puis s’est rapidement propagé sur la quasi-totalité du territoire, avec le retour des rapatriés sud-soudanais dans leurs régions d’origine.

De notre correspondante à Juba,

À ce jour, 26 811 cas de choléra ont été répertoriés au Soudan du Sud, et 455 personnes sont mortes de la maladie. À Gurei, dans la banlieue ouest de Juba, où l’épidémie de choléra n’est pas encore terminée, jusqu’à huit patients sont admis quotidiennement dans une unité de traitement du choléra gérée par l'ONG Médecins sans frontières, sous une grande tente blanche d’une capacité de dix lits. Vêtus de combinaisons intégrales, les employés en charge de la désinfection pulvérisent de l’eau chlorée sur les semelles des visiteurs, sur le sol et sur les lits. 

« Le choléra est une maladie causée par une bactérie. Elle se propage par l'eau ou les aliments contaminés, généralement à cause du manque d’hygiène et d'assainissement, explique Guta Epulo, infirmier dans la structure. Une fois que vous avez le choléra, vous commencez à vomir beaucoup et à avoir une diarrhée aqueuse continue. C’est dangereux car vous perdez beaucoup de liquides corporels et pouvez mourir en quelques heures. »

Hawati Ajong, 27 ans, et son mari Saber Juma, 33 ans, se désinfectent les mains avant de rentrer chez eux. Hawati est tombée malade la première, elle a été soignée, puis c’est son mari qui a développé les symptômes : « C’était le matin, mon mari allait partir au travail. Il est allé aux toilettes trois ou quatre fois. Et puis il a commencé à vomir, et ensuite, il ne pouvait plus bouger, témoigne-t-elle. C’est lui qui m’avait accompagnée ici quand j’étais malade, il s’est occupé de moi, j’ai su tout de suite qu’il avait attrapé le choléra à son tour. Donc, j’ai appelé à l’aide et on l’a amené ici hier. » Pour elle, la cause est évidente : « Nous buvons le plus souvent l’eau d’un puits creusé dans la terre, je pense que c’est ça qui nous a rendus malades. »

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« Tout ça, c’est à cause de notre environnement qui est sale »

À l’intérieur de la tente, Daniel Kenyi, un garçon de quatre ans, reçoit une perfusion de réhydratation. Arrivé très mal en point, en à peine une heure, il est à nouveau capable de se tenir assis, au grand soulagement de sa mère, Sejerina Keji, qui veille sur lui, son bébé de huit mois dans les bras : « Je m’inquiète pour mes autres enfants. Tout ça, c’est à cause de notre environnement qui est sale, dénonce-t-elle. Il faut faire très attention à bien nettoyer la vaisselle, à la laver après l’avoir touchée, la sécher et la couvrir pour éviter que des mouches se posent dessus. »

Le personnel médical souligne l’importance d’une prise en charge rapide du choléra, car si les 270 patients soignés ici par MSF ont survécu, neuf personnes sont mortes de la maladie chez elles, dans les quartiers avoisinants, ces dernières semaines. En cause : des traitements inadéquats et trop tardifs.

À écouter dans Le conseil santéComment reconnaître les symptômes du choléra et réagir face à ces signes?