Retour des réfugiés en Centrafrique [2/3]: «Les hommes armés ont tout volé»

Retour des réfugiés en Centrafrique [2/3]: «Les hommes armés ont tout volé»

RFI
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Suite de notre série de reportages sur les Centrafricains de retour dans leur pays, alors que le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) veut faire revenir chez eux 300 000 réfugiés d’ici à 2028. Ils sont déjà plus de 36 000 à avoir emprunté le chemin du retour. Si certains sont heureux d’être revenus chez eux, d’autres sont inquiets parce qu'ils ont tout perdu.

De notre envoyé spécial à Baoro,

L’air égaré, Aïssatou Adamou est assise sur un amas de briques en argile. Autour d'elle, de hautes herbes et des pièces de charpentes éparpillées, en partie détruites par les termites. Cette femme d'une trentaine d'années ne reconnaît plus sa maison. « Mon père a survécu mais ma mère a été tuée. J'ai fui très loin avec mes petits frères et sœurs. Mon père est encore au Cameroun. Je suis revenue dans l'espoir de reconstruire une nouvelle vie, mais ce que je viens de découvrir ressemble à un coup de couteau en plein cœur. Ma famille a vraiment besoin d'aide », déplore-t-elle. Le temps est à l'urgence et la question de la reconstruction s'impose à tout le monde.

Dans le même périmètre, Ibrahim Amino nous amène à proximité d'un cours d'eau. C'est ici qu'il élevait des animaux en 2015. Aujourd'hui, il ne lui reste plus rien. « Quand les rebelles avaient attaqué le village, j’ai fui comme tout le monde vers le Cameroun, laissant derrière moi une centaine de moutons, cabris et bœufs. Cela représente une fortune pour ma famille parce que notre richesse repose sur l'élevage. Hélas, les hommes armés ont tout volé. »

Des formations proposées par le HCR

Pendant qu'il en parle, des larmes coulent le long de son visage. Pour aller de l'avant, Ibrahim Amino participe actuellement à une formation en informatique. « Cette formation gratuite a une durée de six mois, initiée par une ONG et le HCR. On nous apprend les basiques de l'informatique. À la fin, nous aurons chacun un certificat. J'espère pouvoir avoir les connaissances nécessaires pour mettre en place une entreprise multimédia qui pourrait m'aider dans l'avenir », espère-t-il.

Et même si l’étape de reconstruction ne sera pas facile, certains se lancent dans l’élevage de poulets. Abdoulaye Mariam et ses amis ont créé l'année dernière le groupement Barco, qui signifie espoir. « Nous avons choisi ce domaine parce que c’est l'un des secteurs qui génère beaucoup d'argent à Baoro. On ne peut pas croiser les bras à tout attendre des ONG, explique-t-elle. Nous avons actuellement 433 poulets sur le marché. C'est ce qui nous aide à reconstruire notre vie sur le plan économique. Le prix des poulets varie de 3 500 à 4 000 FCFA. »

Le HCR a lancé l'année dernière un vaste projet de retour et de réintégration des réfugiés centrafricains de l'étranger. Ce programme de cinq ans prévoit le rapatriement volontaire de 300 000 personnes dans les préfectures de la Nana Membéré, Membéré Kadeï et la Lobaye.

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