Quand l'Afrique du Sud donne ses rhinocéros à ses voisins africains [3/3]
20 June 2025

Quand l'Afrique du Sud donne ses rhinocéros à ses voisins africains [3/3]

Reportage Afrique

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L’Afrique du Sud a signé en 2014 un accord avec le Mozambique, pour s’accorder sur la stratégie de conservation du parc Kruger qui chevauche la frontière, et fait partie, avec le Zimbabwe, du nouveau parc transfrontalier du Grand Limpopo. Ce genre d’accord permet notamment de s’accorder sur les standards de sécurité face au braconnage. Une collaboration qui permet aussi le déplacement d’animaux sauvages d’un pays à un autre, pour repeupler des parcs dans le besoin, et rééquilibrer l’écosystème. C’est dans ce contexte que l’Afrique du Sud vient ce mois de juin de donner dix rhinocéros noirs au Mozambique qui en manque cruellement.

Billie est un rhinocéros sud-africain. Une femelle d’environ une tonne placée dans un box en métal, direction le Mozambique. « Normalement, on ne donne pas de noms à nos animaux, mais ils en auront un pour le transport. Si quelque chose se passe mal sur la route, on doit pouvoir les identifier », explique Vuyiswa Radebe, qui travaille pour Ezemvelo KZN Wildlife, l’organisation qui gère les parcs publics de la région. Elle est venue assister à cette opération hors norme. « Le déplacement en lui-même est très éprouvant, mais on sait pourquoi on le fait, c’est pour leur survie. Nous avons besoin d’avoir plein de petites Billie partout dans le monde, et j’ai hâte d’entendre leurs histoires », confie-t-elle.

Et c’est tout l’objectif. L’Afrique du Sud, et particulièrement ce parc Hluhluwe, est le berceau des rhinocéros africains. Antony Alexander et la fondation Peace Park coordonnent donc des relocalisations d’animaux sauvages. « Peace Parks n'a commencé à soutenir le gouvernement mozambicain qu’il y a dix ans. On devait d’abord prendre le temps de rétablir des bons systèmes de sécurité là-bas. Et de s’assurer que l’environnement était adapté pour faire venir des animaux sauvages », raconte-t-il.

Des transferts qui se multiplient ces dernières années, notamment grâce à des techniques qui évoluent, explique Kester Vickery, de la fondation Conservation Solution. Il rentre à peine du Rwanda, où il a déplacé 70 rhinocéros sud-africains en avion. « Nous pouvons maintenant déplacer des animaux en gros groupes sur une durée de 48 heures, en toute sécurité. C’est plus ou moins le temps qu'il faudra pour déplacer ces rhinos jusqu'à Zinave », détaille-t-il.

Zinave, c’est le parc mozambicain qui s’apprête à recevoir Billie et les autres. Pendant près de 40 ans, ce parc n’avait plus aucun rhinocéros. Ils sont de retour depuis peu grâce à une autre opération de ce genre. Drapeau mozambicain brodé sur sa veste, le vétérinaire Hagnasio Chiponde s’apprête à prendre la route : « Je représente la Wildlife Mozambique Alliance, et le pays en général. Nous cherchons à développer notre population de rhinos. Je suis fier de faire partie de l'équipe. »

Les dix rhinocéros sont arrivés sains et saufs à Zinave. L’objectif, c’est donc de faire grandir cette population, pour ensuite en envoyer dans d’autres parcs du Mozambique, et ainsi repeupler le pays entier. 

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