Nord du Bénin: quels changements sur le plan sécuritaire à Banikoara? [1/4]
16 February 2025

Nord du Bénin: quels changements sur le plan sécuritaire à Banikoara? [1/4]

Reportage Afrique
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Le 8 janvier, une attaque a coûté la vie à plus de 30 soldats au Bénin, dans la zone dite du « Point Triple », à la frontière avec le Niger et le Burkina Faso. Revendiquée par le Jnim, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, elle s’est soldée par la plus lourde perte depuis le déploiement de l’opération Mirador. À Banikoara, la situation sécuritaire est dans tous les esprits et les habitants adaptent leurs habitudes quotidiennes, surtout en soirée.

De notre envoyée spéciale de retour de Banikoara,

Les commerces sont ouverts à Banikoara centre, dans le nord du Bénin. Issiako attend les clients derrière la grille de son kiosque jaune et bleu. « GSM, c’est mon activité ! Je fais les transferts d’argent et je vends aussi des crédits. Avant, ça marchait, mais maintenant, il faut être patient, les temps sont un peu durs, confie-t-il. Dans la journée, on ne vend pas, et maintenant, le soir, notre temps est limité. Je pars d’ici à 20 h 30 pour ma sécurité. »

Plusieurs sources locales évoquent le transport de carburant par des jeunes soupçonnés de ravitailler les groupes armés. « Des fois, les militaires viennent pour embarquer certaines personnes, poursuit Issiako, ils leur disent : “On vous a vu transporter des bidons d’essence, amener ça de l’autre côté de la commune...” Parce qu’il y a certaines localités, tu ne peux pas y aller, si on te prend là-bas, c’est toi seul qui vas subir les conséquences. Si bien que nous-mêmes, on ne se retrouve pas là-bas. »

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« Il y a la peur, on ne sait pas qui est qui »

À côté de lui, des zémidjans, des motos-taxis, patientent à l’ombre. Ce jeune homme, casque sur la tête, s’arrête sur un côté de la voie pavée. « Vraiment, il y a la peur, on ne sait pas qui est qui, si on prend un jihadiste, on ne sait pas, ou un criminel, on a toujours peur de travailler. Par exemple, il y a des lieux interdits à cause de l’insécurité, comme Guimbagou, Kaobagou, Mékrou. On ne peut pas y aller. Si tu pars là-bas, on va te qualifier de jihadiste ou de criminel, donc ça fait qu’on reste toujours en ville. »

À écouter dans Grand reportageDans le nord du Bénin, l’opération militaire Mirador face à la pression terroriste

Brouettes, motos et piétons circulent dans les rues adjacentes. Ce jeune homme vend des produits alimentaires avec son père. L’activité marche bien. C’est surtout le soir que la vie a changé. « La nuit, les militaires patrouillent. À partir de minuit, il n’y a pas trop de promenades, comme un confinement, explique le jeune commerçant. Avant, je me promenais de 22 h à 1 h, mais depuis que les militaires ont commencé, à 22 h, je suis à la maison. On entend des frappes ailleurs, on ne sait pas quand ça vient chez nous. Mais quand même, pour l’instant, ça va. »

Il n’y a officiellement pas de couvre-feu à Banikoara centre. Mais, de source locale, plusieurs villages de la commune riverains du parc W et frontaliers du Burkina Faso sont concernés, de 18 h à 6 h du matin.

À écouter dans l’Invité d’Afrique midi Attaque meurtrière dans le nord du Bénin : « La phase de harcèlement des Forces de défense prend une tout autre ampleur »