Samedi, une position de l'armée béninoise a été attaquée dans le parc W. Le mois dernier, plus de 30 soldats ont été tués dans la zone dite du Point Triple, à la frontière avec le Niger et le Burkina Faso, dans une attaque revendiquée par le Jnim, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans. La situation sécuritaire préoccupe les populations du nord du pays. Au-delà des mesures sécuritaires, des projets sont menés pour favoriser la cohésion sociale dans ces zones.
De notre envoyée spéciale à Malanville,
Assis en tailleur sur un tapis, en tenue bleu clair, Ibrahim Adam nous reçoit dans sa mosquée. Quand il n'est pas conducteur routier, ce prédicateur, imam à Malanville, lance des messages aux fidèles. « J’aimerais qu'on puisse savoir l'importance de la paix parce que tant qu'il n'y a pas la paix, rien ne marche. Ta religion même, tu ne peux pas faire à l'aise, le commerce zéro, l’élevage zéro… L’agriculture, les activités qui nous permettent de vivre, sans la paix rien ne peut marcher. »
Ibrahim Adam intervient régulièrement sur une radio locale. C'est sur des leaders religieux comme lui que s'appuient les ONG qui sensibilisent contre l'extrémisme violent. Avec l'ONG Vie et environnement, Moussa Mountala participe à des projets, en particulier pour les jeunes. « Souvent, nous passons par des activités traditionnelles, sketches, foot, et nous faisons passer un message de sensibilisation sur la paix et la cohésion sociale. La jeunesse est plus attirée par cette activité et le message passe vite. »
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Prévention par le dialogueObjets d'une attention particulière : les conflits communautaires. L'association Coexister fait de la prévention en instaurant des cadres de dialogue. L'an dernier, elle est par exemple intervenue à Garou, où un conflit entre agriculteurs et éleveurs a fait deux morts. Abdoukarimou Bouraima est son président : « Les extrémistes sont des marchands de violence qui ont besoin de renforcer leur équipe. Du coup, ils utilisent les frustrations de ces communautés pour leur proposer des solutions. Résultat : ces communautés frustrées les rejoignent dans l'espoir qu'un jour, ils reviendront dans leur communauté avec plus de droits. C'est pour cela qu'il faut faire très attention à l'injustice et à ne pas se taire quand ça se passe. »
Dans son bureau de la mairie de Malanville, Moussa Sambo Nouhoum affirme que le gouvernement béninois fait tout son possible pour lutter contre l'extrémisme violent. Mais le deuxième adjoint au maire identifie une difficulté à dépasser pour que toutes ces actions portent leurs fruits. « C’est celle de la méfiance installée entre les communautés et l'armée. Tant que nous n'arriverons pas à ramener la confiance, cette situation est un terreau favorable aux groupes criminels. »
« Des préoccupations entendues », affirme-t-il, par la haute hiérarchie militaire. Les forces de défense et de sécurité mènent des opérations pour se rapprocher des populations : journées portes ouvertes, ou soins gratuits par exemple.
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