Une zone confrontée à la menace d'attaques terroristes. Le 15 février dernier, une position de l'armée béninoise a été attaquée dans le parc W. Le mois dernier, plus de 30 soldats ont été tués dans la zone dite du Point Triple, à la frontière avec le Niger et le Burkina Faso dans une attaque revendiquée par le Jnim, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans. En raison de sa proximité avec la frontière du Burkina Faso, la commune de Banikoara est aussi un lieu de refuge pour les Burkinabè qui fuient les violences dans leur pays.
De notre envoyée spéciale à Banikoara,
Sa béquille est posée à côté de lui, des boîtes de médicaments au pied du lit. Il y a trois ans, avec sa femme et ses sept enfants, cet homme est monté dans un camion pour fuir les violences dans la commune de la région de l'est du Burkina Faso qui l'a vu naître en 1958.
« On a quitté notre pays pour le Bénin ici, on est très, très contents parce qu’on nous aide, on nous donne de l'argent pour s’acheter à manger. Je suis malade, mais avec cet argent, je peux payer les produits. Mes enfants sont soit à Parakou ou à Kandi. Comme on n'a pas de champs, ils sont obligés d'aller travailler pour avoir de quoi manger. Je ne sais pas comment remercier le Bénin. »
Plusieurs organisations, comme la Croix-Rouge et l’Unicef, portent assistance aux réfugiés qui essaient aussi d'avoir des activités pour gagner un peu d'argent. « J’attache d'abord, les pédales sont ici. » Cette mère de famille, foulard noué sur la tête, manie le métier à tisser installé chez elle. Dans la cour, quelques animaux, le souvenir des événements qui l'ont poussée à fuir sa commune de l'est du Burkina Faso avec trois de ses enfants est encore vif. C'était il y a deux ans.
« Ça chauffait là-bas. Ça a commencé le jour du marché, les gens couraient. Les problèmes viennent des militaires, mais aussi des terroristes. On ne savait pas comment faire. La population a commencé à fuir le pays. Nous-mêmes, on s’est dit que ça n’allait pas aller, on ne trouvait plus à manger, plus de bois. Des personnes ont perdu leur mari, leurs enfants. On voyait tout le monde partout en pleure. Dieu merci, j'ai pris mes enfants et on est venus ici à Banikoara. »
À Banikoara, elle et ses enfants se portent bien. Mais les récents événements sécuritaires dans le nord du Bénin ne la rassurent pas : « On a vu des vidéos sur nos portables. Vers Point Triple, des personnes se sont rendues là-bas pour tuer nos militaires qui nous sauvent encore. Ça nous a fait peur aussi. Banikoara aussi, à 21h/23h ce n'est pas bon. On est parti de là-bas pour venir ici, si ça commence ici aussi ce n'est pas bon. Il ne nous reste plus qu'à prier Dieu pour le Bénin aussi. »
Fin octobre, le HCR, l'agence des Nations unies pour les réfugiés, recensait plus de 17 000 réfugiés et demandeurs d'asile au Bénin.
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