Nord du Bénin: à Malanville, la vie difficile des déplacés [2/4]
17 February 2025

Nord du Bénin: à Malanville, la vie difficile des déplacés [2/4]

Reportage Afrique
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Le nord du Bénin est toujours confronté à la menace d'attaques terroristes. Samedi 15 février, une position de l'armée béninoise a été attaquée dans le parc W. Le mois dernier, plus de 30 soldats ont été tués dans la zone dite du Point Triple, à la frontière avec le Niger et le Burkina Faso dans une attaque revendiquée par le Jnim, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans. La situation sécuritaire dans le nord entraîne parfois des déplacements de populations, souvent hébergées dans des familles d'accueil. 

De notre envoyée spéciale de retour de Malanville,

Amidou Hamina, relais communautaire à Malanville, aide plusieurs dizaines de déplacés, installés depuis environ deux ans. Les déplacés sont logés dans de petites cases munies de couchettes, réparties sur un grand terrain au sol en terre. Quelques enfants pilent du mil. 

« Ils se sont déplacés vers Malanville parce qu'ils disent que Malanville, c'est une grande ville, ce n'est pas comme dans la brousse où les gens sont embêtés ». Pour les déplacés, la situation est difficile, poursuit Amidou Hamina: « Ils cherchent de l'aide, il y a les maladies et la faim qui les entourent. En causant avec eux, ils avaient demandé d'au moins faire un forage pour avoir de l'eau potable. »

Une vingtaine de personnes sont assises sur deux tapis étendus à l'ombre d'un arbre. Parmi les femmes, Roukiatou, 48 ans, qui a quitté un village de la commune voisine de Karimama avec sa famille, ses 5 enfants. « Ici, on a l'esprit tranquille. Au moins, on peut arriver à dormir. Là-bas, on entendait le bruit des armes. Les enfants avaient tout le temps peur. Alors qu'ici, maintenant, nous n'avons plus peur des armes. » 

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« C'est difficile de vivre dignement »

Pour autant, la situation reste difficile : « C'est très difficile de ne pas pouvoir faire de l'élevage ni cultiver. Il faut tout acheter : la nourriture, même le bois pour cuisiner, poursuit Roukiatou. Si tu n'as pas les moyens, c'est difficile de vivre dignement. Cette situation est très compliquée pour nous. Même si on a eu la vie sauve, on traverse des moments très difficiles. »

Les déplacés évoquent la peur des terroristes et, parfois, leur crainte des arrestations auxquelles procèdent les militaires. Maisons, champs, ils ont tout laissé derrière eux, comme l'explique cet homme âgé, qui prêchait dans sa communauté. « C'est un peu difficile. Beaucoup de gens ici sont sans emploi. Mais certains essaient quand même d'avoir une activité de petit commerce, explique l'imam. Il y a ceux qui remplissent des récipients d'eau qu'ils vendent. Il y en a d'autres qui vont couper de l'herbe et du bois dans la forêt pour les vendre. » Des activités de substitution, en attendant de pouvoir rentrer, quand la situation le permettra.

Il y a un an, l'OIM recensait plus de 12 000 personnes déplacées internes dans les départements de l'Alibori, et de l'Atacora dans le nord du Bénin

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