La Nollywood Week, festival de cinéma consacré aux films nigérians, se poursuit à Paris jusqu’à sa journée de clôture, ce dimanche 11 mai. L’industrie prolifique du cinéma au Nigeria donne lieu à plusieurs festivals à travers le monde, et le public de ce cinéma populaire ne cesse de croître. La production nigériane compte de nombreuses femmes parmi ses productrices et réalisatrices, et ce n’est pas un hasard si la réalisatrice et actrice Aïssa Maïga a été choisie comme marraine de cette édition. Elle place en effet au cœur de ses engagements la condition des femmes ainsi que la lutte contre la corruption. Un signal fort, que la Nollywood Week met en avant pour cette édition.
« Le travail de la police, ce n’est pas ça. Mais il y a de la mauvaise graine dans toutes les professions », répond un chef policier à son subordonné dans La nuit du 7 juin, un film du réalisateur Toka McBaror qui aborde la corruption au sein de la police nigériane, en s’inspirant d’une histoire vraie.
Au cœur de la programmation : retour au matriarcatOutre la corruption, la révolte contre le pouvoir masculin et les traditions, ainsi que le retour au matriarcat, sont au cœur de la programmation de cette nouvelle édition de la Nollywood Week à Paris. On y trouve des rôles particulièrement intéressants pour les femmes, ainsi qu’une parité totale entre réalisateurs et réalisatrices.
Bikiya Graham Douglas, productrice et actrice principale du film Pour Amina, explique : « "Pour Amina" parle de responsabilité. On y voit une mère lutter contre un système corrompu pour permettre à sa fille d’accéder à une éducation digne de ce nom. C’est une femme presque illettrée, sans pouvoir, mais qui utilise les médias pour interpeller le gouvernement. Ce récit montre comment responsabiliser les autorités afin de construire une société meilleure. Tout cela à travers la relation mère-fille, avec pour objectif que cette enfant reçoive une bonne éducation ».
À lire aussiLe cinéma africain en fête avec la Nollywood Week 2025
La Nollywood Week aborde également des sujets plus complexes, comme dans le film Out in the Darkness, réalisé et scénarisé par Sara Kwaji : « Au Nigeria, comme ailleurs dans le monde, la santé mentale des femmes, en particulier la dépression post-partum, est souvent négligée et incomprise. J’ai donc voulu mettre ce sujet en lumière pour combler un vide narratif qui nécessite urgemment davantage de sensibilité et de compassion ».
Avec la nouvelle génération, le cinéma de Nollywood connaît de profondes transformations, comme l’explique Thierno Ibrahima Dia, critique de cinéma : « Ce cinéma, autrefois dominé par les genres fantastique et horrifique, tend aujourd’hui à proposer une analyse plus fine de la société nigériane. Le Nigeria est désormais la première économie du continent, devant l’Afrique du Sud, et le cinéma interroge les rapports sociaux dans ce contexte. Nollywood revient ainsi vers un ancrage plus réaliste, loin des stéréotypes de ses débuts ».
Industrie encore jeune, née dans les années 2000, Nollywood est aujourd’hui touchée par la crise économique qui frappe le Nigeria.
Retrouvez toute la programmation de la Nollywood Week ici.