Aujourd’hui, premier épisode de notre série tournée dans le territoire de Mahagi, une région rurale dans l’est de la RDC, à la frontière avec l’Ouganda. Au milieu de ces montagnes, sur les rives du lac Albert, coule la rivière Kakoye. Ce cours d’eau sépare la chefferie de Mokombo en deux : la rive ouest, perturbée par la présence de groupes armés, et la paisible rive est, n'ayant jamais connu d’attaque de groupe armé.
De notre envoyée spéciale dans la chefferie de Mokambo,
Devant la rivière Kakoye qui est une rivière qui se jette dans le lac Albert en contrebas. Aujourd'hui, c'est jour de marché, il y a de l'agitation. Les motos traversent très lourdement, chargés de produits vivriers comme des boissons, des légumes, du poisson. « Je suis en train de livrer le chargement, ce sont des boissons sucrées. Je n’ai pas l’habitude de traverser parce qu’il y a de mauvaises nouvelles qui nous arrivent de l’autre côté », raconte Uiroto Mongwi Jacquesan, conducteur de taxi-moto.
En amont de la rivière, côté est, se trouve une multitude de villages densément peuplés. Ici, pas de groupes armés. Même les rares policiers n'ont pas d'armes. Les habitants se sentent protégés grâce, disent-ils, à Kakoye. Des pouvoirs attribués à cette rivière que les habitants préfèrent garder secret et que l'un des chefs de groupement de la zone, Louis Le Kodjo, détaille brièvement : « La rivière est infranchissable. Ces groupes armés, ils ont peur. S'ils songent à venir avec la guerre, la rivière devient infranchissable. Cela gonfle ou cela peut changer la couleur aussi. De ce côté de cette rivière, il n'y a jamais eu d'attaque. Nous sommes tranquilles depuis 2019. »
Beaucoup fuient les attaques de la Codeco qui sévit du côté ouest de la rivière, rappelle Grégoire Tumi, le coordinateur local de la société civile de la chefferie de Mocambo, séparée en deux par la rivière Kakwa : « On constate, vers l'ouest de la chefferie, l'absence de l'autorité de l'État. Parce qu'on constate que les autorités locales, comme les chefs de villages, les chefs des groupements, ne vivent pas dans leur milieu. Même la police s'est aussi déplacée. Compte tenu des attaques répétitives, la population s'est déplacée pour vivre à l'est. » Au total, 19 camps officiels et six informels sont dans la zone, habités par des dizaines de milliers déplacés.
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