Avec ses 3 000 ans d’Histoire, la Tunisie est considérée comme un site archéologique à ciel ouvert. La découverte de nombreux trésors, de pièces de monnaie et autres artefacts antiques lors de fouilles archéologiques au XXᵉ siècle a toujours alimenté les mythes et légendes urbaines sur d’autres trésors présents sur le territoire. Les archéologues et écrivains tentent de lutter contre ces intox qui créent parfois une frénésie dans la recherche illégale de trésors.
De notre correspondante à Tunis,
Nous sommes en 1983, la Tunisie est la star de l’émission française de Jacques Antoine, La chasse au trésor. 40 ans plus tard, pour certains Tunisiens, chasser les trésors n’est pas un jeu, mais une addiction. Chaque année, les autorités saisissent plusieurs centaines de pièces archéologiques, artefacts, céramiques, tessons, résultats de fouilles illégales, au grand dam des archéologues. « Ce n'est pas spécifique à la Tunisie, c’est un peu partout, même en France, les gens, dans leur petit village, sont en train de faire des trous pour essayer de trouver des trésors, met en avant l'archéologue Aicha Ben Abed. Ce n'est pas vrai, on ne trouve pas des trésors comme ça. Premièrement, c'est vraiment exceptionnel, c'est dans des contextes très précis. »
La trouvaille de trois grands trésors spectaculaires, faits d’or et de statues antiques, a rythmé le 20ᵉ siècle : le trésor marin antique de Mahdia découvert en 1909 par des pêcheurs d’éponges, puis celui de Rougga, datant de l’époque byzantine et découvert en 1972, et enfin le trésor romain de Chemtou exhumé en 1993. « Finalement, pour un archéologue, c'est bien de faire une telle trouvaille, mais surtout de préciser, de savoir d’où ça vient, quelle est la chronologie, pourquoi c’est là, poursuit Aicha Ben Abed. C’est ça en fait le questionnement historique et l’importance d’une telle trouvaille. »
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« Dans les récits de nos grands-mères, il y a presque toujours des trésors cachés »Dans son livre Cinq histoires de trésors, l’écrivain Samir Marzouki s’est inspiré non pas de faits divers de chercheurs d’or illégaux, mais plutôt des histoires de son enfance : « Dans les récits de nos grands-mères, il y a presque toujours des trésors, des trésors cachés, etc., et je pense que cela travaille pas mal l’imaginaire des gens et donc certains y croient. »
Dans ses récits, Samir Marzouki rappelle que le plus important dans la recherche du trésor reste l’apprentissage autour de la quête : la persévérance, le travail d’équipe, au-delà de l’appât du butin. Des atouts que mettait aussi en valeur l’émission de Jacques Antoine, le trésor tunisien de cette édition était, à l’époque, une rose des sables.
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