L’enseignement de la musique peut-il changer des vies ? C’est le pari de l’association Brass for Africa. Installée à Kampala, cette organisation offre des cours d’instrument à vent à des centaines de jeunes défavorisés. À travers cet apprentissage, elle entend leur donner des outils pour s’épanouir, transformer leur quotidien et celui de leur communauté.
De notre envoyée spéciale à Kampala,
Dans la cour d’une parcelle, au fond du bidonville de Bwaise à Kampala, une trentaine de jeunes s’échauffent pour leur répétition. « Ils s’entrainent pour jouer lors de la journée internationale de la fille », explique Farida Nalumansi, qui supervise les activités. La jeune femme a rejoint l’association il y a sept ans. À l’époque, elle était encore adolescente, mais déjà mère et isolée. « J’avais 14 ans lorsque j’ai été déflorée, par l’homme qui payait mes frais de scolarité. J’étais tellement discriminée que je ressentais de la haine pour ma fille. J’ai quitté le domicile de mon père et j’ai sombré dans la drogue. En 2017, on m’a permis de rencontrer Brass for Africa. »
Petit à petit, à travers la musique, elle reprend confiance, renoue avec sa fille et lance sa propre ONG : « Elle s’appelle "Une fille est capable", c’est une ONG communautaire. »
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Aide à fabriquer des serviettes hygiéniques, une école de la vieEn plus de la musique, les élèves peuvent ici apprendre à fabriquer des serviettes hygiéniques lavables, une manière de combattre la précarité féminine et les tabous. Car derrière les machines à coudre, il y a surtout des hommes, comme John Otema : « Lorsque les jeunes filles ont leurs règles ici, les parents n’ont pas toujours les moyens d’acheter des protections. Elles sont en difficultés et elles ont des douleurs. Cela peut être terrible. Quand j’ai compris cela, j’ai voulu participer à faire en sorte que les filles au fond des bidonvilles puissent avoir des protections quand elles en ont besoin. »
Plus qu’une école de musique, Brass for Africa est une école de la vie. Hector était élève il y a trois ans. Aujourd’hui, il dirige les répétitions : « J’étais sans travail, à la maison et j’avais la pression pour trouver un travail. Beaucoup de mes amis ont été rattrapés par la drogue. Moi, depuis que je suis ici, j'ai quelque chose à faire et tout est plus simple. »
Hector était jeune diplômé sans emploi à son arrivée. Mais d'ici à un an, il sera professeur de musique certifié.
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