Focus sur la lutte contre le trafic de drogue. En Côte d’Ivoire, le trafic et la consommation de cannabis restent le fléau le plus important. Sur le terrain, les agents de police mènent des actions de sensibilisation, mais aussi de contrôle : ils détruisent régulièrement des fumoirs et saisissent de la drogue dans les principaux points de passage : aux frontières, à l’aéroport ou encore dans les gares routières. Bineta Diagne a suivi une descente dans la nouvelle gare d’Adjamé, à Abidjan. Reportage.
De notre correspondante à Abidjan,
Il est 19h, les allées de la gare routière grouillent de monde. Au milieu de cette foule de voyageurs, un suspect a abandonné un sac à dos noir sur un banc. Un indic alerte la police.
Rapidement, une équipe de la DPSD, la Direction de la police des stupéfiants et des drogues, procède à l’ouverture du sac. Le commissaire divisionnaire Maxime Gogoua examine l’un des cinq blocs de cannabis : « Vous voyez, c’est le THC. Et c’est vraiment élevé. C’est sec. Ce bloc pèse 1 kg : il fait 40 000 francs CFA à Abidjan sur le marché noir. Mais, à Bouaké ou à Man, cela vaut 100 000 francs CFA le kg. Et quand ça va au-delà de nos frontières, au nord, ça va à 300 000 francs CFA/kg ».
Ce soir-là, un revendeur a été interpellé. Mais le principal suspect, qui a acheminé la drogue, a pu s’échapper. Une enquête va être ouverte. Elle s’appuie notamment sur les enregistrements vidéo d’Issa Koné, le chef de gare, visiblement sous le choc des découvertes de la soirée : « Ça, c’est grave, supposons qu’on attrape ça là, dans le car. Le chauffeur a un problème. Il ne s’en sort pas. On dit qu’il est complice. Or souvent, il n’est pas au courant ».
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Un échantillon de la drogue saisie est envoyé dans un laboratoire. Cela servira à l’enquête.
Le commissaire Mabonga Touré, directrice de la police des stupéfiants et des drogues : « Sur les blocs de cannabis, il y a des initiales. Il y a des numéros de téléphone. C’est ce que nous appelons la signature. Nous allons l'exploiter pour voir si déjà, cette signature est déjà apparue dans d’autres enquêtes. Et voir si on peut lier d’où c’est venu, et à qui c’est destiné ».
Selon le Comité interministériel de lutte anti-drogue, le cannabis est la drogue la plus consommée dans le pays. Professeur Ronsard Yao Kouma, le secrétaire général du CILAD : « Le cannabis le plus prisé, c'est celui qui vient de chez nos voisins, le Ghana. On a des grandes saisies à la frontière ». D’après ce responsable, les saisies de cannabis oscillent entre dix et vingt tonnes chaque année.
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