Côte d'Ivoire: le festival des RICA se délocalise pour porter ses messages engagés
16 April 2025

Côte d'Ivoire: le festival des RICA se délocalise pour porter ses messages engagés

Reportage Afrique

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C'est devenu l'un des rendez-vous incontournables du cirque en Afrique de l'Ouest. Ce jeudi 17 avril, c'est le lancement de la septième édition du Festival des Rencontres interculturelles du cirque d'Abidjan (RICA), à l'Institut français. Un festival en salle, mais qui se délocalise aussi. C'est ainsi que la troupe Ivoire Cirque Décalé est allée jouer à Bafrétou, au nord-ouest de la Côte d'Ivoire, pour un spectacle sur l'orpaillage clandestin, là où doit naître le plus gros projet de mine d'or industrielle du pays, le projet Koné. 

De notre envoyé spécial à Bafrétou,

En cette matinée, tous les villageois de Bafrétou en Côte d'Ivoire sont réunis devant l'école primaire sur la grande place. Face aux cinq acrobates qui jouent leur numéro intitulé « Les Assoiffés du Métal Jaune », il y a aussi le préfet de Kani. Un préfet qui met en garde contre les dangers de l'orpaillage clandestin et notamment de la pollution au mercure : « Vous savez, avec l'orpaillage clandestin, il y a des produits qui sont utilisés. Et ces produits sont dangereux. »

La pièce conçue par Herman Nikoko Yao est faite de numéros de haute voltige et d'une bande sonore où l'on entend les témoignages d'orpailleurs clandestins évoquant leur calvaire.

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Le spectacle vivant pour éduquer et s'évader

Pierre Nguessan est le directeur pays de la société Montage Gold, qui a permis cette délocalisation du festival de cirque pour sensibiliser enfants et parents de la région, là où doit naitre le plus grand projet industriel aurifère du pays, le projet Koné :

« Le plus gros problème qu'on a avec les enfants, c'est qu'ils se déscolarisent très vite, à partir du CM2. Quand ils ont 11 ans, 12 ans, ils quittent l'école. Et ils viennent à l'orpaillage pour commencer à creuser. Donc nous voulons, avec le cirque, les amener à voir qu'il y a autre chose, les détacher de l'activité pour que, dès maintenant, ils se préparent à embrasser d'autres activités que l'orpaillage. » 

Un spectacle de sensibilisation qui parle à l'oreille d'Adama Koné, chef du village de Bafrétou : « Oui, c'est très utile. Ça montre que le travail qu'on faisait avant ici, ce n'était pas normal. C'est une manière de montrer aux gens qu'il est possible de collaborer. »

Valérie Bony, chargé de la communication du festival des RICA, poursuit : « C'est là aussi qu'on voit que le cirque est adaptable. Là par exemple, cette année aussi, on va à l'hôpital Mère-Enfant pour jouer pour les enfants qui sont malades. Donc c'est vraiment dans l'ADN des RICA de délocaliser hors des salles pour faire connaître le cirque et le spectacle vivant. »

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