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Centrafrique: Chinko, la renaissance de la réserve naturelle [1/3]
Reportage Afrique
En Centrafrique, la réserve naturelle de Chinko, située dans la préfecture du Mbomou, au sud-est du pays, incarne l’un des récits de restauration de biodiversité les plus inspirants. Ces trente dernières années, les crises sécuritaires à répétition et le braconnage ont eu de graves conséquences sur la faune et les ressources naturelles. Afin de sauver ce patrimoine, le gouvernement centrafricain et l'ONG African Parks ont signé en 2014 un accord de gestion durable du parc. Cette convention, renouvelée en 2020 pour une durée de 25 ans, instaure une politique de conservation des ressources naturelles et du développement communautaire.
De notre correspondant à Kocho,
Ce matin, le brouillard se lève, s'enroule puis disparait au-dessus de la réserve naturelle de Chinko... Le grognement rauque d'un phacochère signale la présence des visiteurs.
En petits groupes de quatre ou de cinq, ces phacochères, aux pelages gris, brun et noir, se nourrissent d'herbes, de racines, d'écorces et de fruits. Debout à quelques mètres de ces mammifères, Ghislain Boukar, colonel des eaux et forêts, fait l'inventaire des espèces disparues : « Il a eu un effondrement considérable de toutes les espèces confondues. En disant cela, je fais allusion aux buffles, aux carnivores comme les lions, les grands mammifères comme les pachydermes, les éléphants et autres. Nous avons aussi des espèces telles que les rhinocéros, les girafes qui ne sont plus dans le parc. »
Toutefois, la réserve naturelle de Chinko abrite aujourd'hui des espèces comme le lycaon, le lion, le léopard, le chimpanzé, l'éland de Derby, plus de 400 espèces d'oiseaux, 100 espèces de poissons d'eau douce et beaucoup d'autres encore.
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La vision du gouvernement centrafricain et d'African Parks consiste à réintroduire, avec le temps, les espèces qui n'existent plus. Mermoz Bizon, responsable de l’aménagement territorial à African Park Chinko, explique : « Cela a une importance capitale, car un jour, nous, nos enfants et nos petits-enfants, auront la chance d'avoir autour de nous des animaux sauvages. Tout ce qui est potentialité en termes de faune, flore et ressources aquatiques, représente une richesse inestimable. On doit faire en sorte que cette richesse ne nous quitte pas. Notre combat aujourd'hui est de permettre à ce que les communautés locales puissent en bénéficier. »
Engagement local et éducation à l’environnementQuand on survole les 30 500 km² en avion de surveillance et d'observation, l'immense étendue sauvage de Chinko offre une belle vue sur les montages, les rivières et les cours d'eau. Les défis actuels consistent à empêcher des chasseurs, des pêcheurs et même des éleveurs, de pénétrer dans les zones de conservation. Pour Ghislain Boukar, colonel des eaux et forêts, « la transhumance transfrontalière est l'une des difficultés majeures. Ces pasteurs viennent du Soudan et mettent le feu dans la brousse, juste pour avoir de nouvelles poussées d'herbes, ce qu'ils jugent très intéressantes pour leur bétail. Ils commettent aussi des abattages illicites de nos arbres et de nos espèces. Ils pratiquent également le braconnage en tuant aussi nos espèces. Quand ils repartent au Soudan, ils les revendent là-bas. »
Pour relever ce défi, l'équipe mène plusieurs activités réparties en trois axes : l'engagement, l'entrepreneuriat et l'éducation à l'environnement, selon Mermoz Bizon, responsable de l’aménagement territorial à African Park Chinko : « Nous avons mis en place un guide d'éducation à l'environnement qui est censé enseigner aux enfants dès le bas âge ce qu'est l'environnement, ceci pour leur permettre de comprendre tout ce qui les entoure, pour pouvoir l'impliquer dans leurs habitudes. Nous appuyons aussi l'inspection académique de Bangassou pour tout ce qui est soutien à la mise à niveau des enseignants tout autour de l'aire de conservation de Chinko. »
Pour garantir une gouvernance participative de cette réserve naturelle, un plan d'aménagement du territoire de Chinko est en cours de validation par le gouvernement centrafricain et ses partenaires.