Cent ans après son ouverture et de multiples découvertes, l'institut Pasteur de Dakar poursuit ses avancées
15 December 2024

Cent ans après son ouverture et de multiples découvertes, l'institut Pasteur de Dakar poursuit ses avancées

Reportage Afrique
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L’institut s’est démarqué, il y a un siècle, avec la fabrication du vaccin contre la fièvre jaune à Dakar, au Sénégal. Aujourd’hui, le centre de recherche se lance dans la fabrication d’autres vaccins : contre le Covid-19, mais aussi contre la maladie infantile de la rougeole et de la rubéole et plaide pour une plus grande autonomie vaccinale du continent.

De notre correspondante à Dakar,

Badge et accès sécurisé, bienvenue sur la plateforme de développement du vaccin de la rougeole et de la rubéole de l’Institut Pasteur. Dans l’espace vitré, deux bioréacteurs, l’un pas plus gros qu’un robot de cuisine avec des pipettes à l’intérieur. Neima Remba, coordonne la fabrication du vaccin : « Une fois que l’on a assez de cellules, on infecte et cette infection permet aux cellules de produire le virus atténué. »

Virus atténué qui devient ensuite le vaccin.1,8 million de doses peuvent être produites dans cette machine en six heures. Et pour la première fois, le vaccin contre la rougeole et la rubéole va être entièrement fabriqué au Sénégal. « Ce n’est pas seulement le vaccin en tant que tel, mais aussi les personnes qui sont impliquées. Tout est également fait de façon locale », se félicité Naima Remba.

La cinquantaine de chercheurs qui développent l’antidote contre la rougeole viennent toutes du continent. Mais des essais sont également en cours pour mieux adapter ce vaccin aux contraintes africaines, comme l’explique le Dr Marie-Angélique Sene, responsable du centre de développement des vaccins à l’Institut Pasteur. « C’est parfois quelque chose de tout bête, comme utiliser des réactifs en poudre qui peuvent être transportés et n’ont pas besoin de cette chaine de froid et que l’on peut reconstituer sur site », dit-elle.

Favoriser la coopération

Pour l’heure, Dakar n’en est pas encore là. Les premières doses fabriquées par l’Institut Pasteur seront accessibles début 2027. Car si la fabrication du vaccin a commencé, il faut encore faire les tests cliniques. Mais pour le Dr Marie-Angélique Sene, il y a urgence à fabriquer les vaccins sur le continent. « En dehors du vaccin covid, il y a beaucoup de vaccins difficiles d’accès, dont celui de la rougeole-rubéole. Il est principalement produit en Inde et on a eu pas mal d’épidémies dans différents pays, elles ont tué des dizaines de milliers d’enfants », dit-elle.

L’Institut Pasteur compte donc aussi fabriquer des vaccins de type ARN-message contre le Covid-19 et travaille à créer un vaccin pour lutter contre la fièvre de la vallée du Rift, maladie spécifiquement africaine. Amadou Sall, virologue et directeur de l’Institut Pasteur se réjouit de cette évolution : « Il y a un peu plus de 100 ans, on a trouvé la fièvre jaune ici, pour moi, c'est ça la coopération réussie. »

À ce jour, 5 à 8 millions de doses de vaccins contre la fièvre jaune sont produites chaque année par l’Institut Pasteur. Elles devraient être multipliées par six dans les prochaines années. Une fabrication sur le continent africain qui doit également aider à lutter contre la méfiance et l’hostilité grandissante face aux vaccins.

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