Au Tchad, les écoles primaires sont souvent critiquées par les parents : ils estiment que leurs enfants n'apprennent pas bien à lire et écrire. Pour aider les enfants, quatre jeunes tchadiens ont développé une application ludo-éducative : Kitabna.
Kitabna, « notre livre » en arabe local, ou comment apprendre aux enfants à lire grâce à un smartphone. Ismaël Djekalé, l’un de ses concepteurs, en fait la démonstration. « C’est assez simple d’utilisation pour un enfant. Lorsqu’on lance l’application, il aura un ensemble de livres. En cliquant sur un livre, il pourra lire son contenu. Il y a également un bouton qui lui permet d’écouter la lecture de la description du contenu. »
Une sorte de bibliothèque virtuelle où les enfants peuvent choisir entre cinq livres. Tous évoquent des légendes tchadiennes ré-interprétées par les concepteurs de l’application eux-mêmes. « Il n’y a pas assez de livres dans les maisons en fait », explique Amzina Mindjanal, membre de l’équipe. « C’était beaucoup plus d’histoires qui viennent d’ailleurs. Alors on s’est dit “pourquoi ne pas valoriser nos histoires tchadiennes pour que les enfants se retrouvent ?” »
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S’identifier à travers la culture tchadienne
Parmi les titres à retrouver, La rencontre du Sao et Le Royaume Ouaddaï. Des histoires incarnées par deux héros nés sous le crayon du dessinateur Blaise Tompté. « La fille s’appelle Noupi, ça veut dire “Le trésor de quelqu’un”. Et lui, Bobo, ça veut dire “Celui qui porte le monde”. Ce sont deux amis très curieux qui vont à la découverte du monde », dit-il.
Pour les illustrations, il s’est inspiré de sa vie quotidienne à Ndjamena. « La culture tchadienne revient dans nos dessins à travers les cases. J’essaie de me souvenir beaucoup plus des jeux que je faisais quand j’étais enfant. Comme vous pouvez le voir dans la bande dessinée : les voitures, comme ce qu’on faisait quand on était enfant, les tresses qui sont faites au Tchad pour les petites filles... », dit le dessinateur.
« La baisse de niveau nous gangrène »
Selon les concepteurs de Kitabna, près de 200 familles ont téléchargé l’application, comme Patricia Mastoc, maman de Juliette, 6 ans. « [Ma fille] sait lire, mais elle a des problèmes. On est dans un pays où la baisse de niveau nous gangrène vraiment. Cela m’amène à chaque fois à donner mon téléphone à ma petite fille. Je trouve l’application très innovante. Elle suit avec son doigt sur l’écran du téléphone. Elle a la possibilité de revenir en arrière, de voir ce qui est écrit, et de lire aussi. »
Au Tchad, moins d’un enfant sur deux sait lire correctement lorsqu’il quitte l’école primaire, selon l’Unicef. Objectif à terme pour les concepteurs de Kitabna : élargir l’offre de lecture et finaliser la dernière histoire : la découverte du parc national Zakouma.
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