Ambiance « cassoulet & attiéké » aujourd’hui dans L’ Afrique en Marche. À Abidjan, lundi 24 février, l’Académie du Stade Toulousain (le club de rugby le plus titré d’Europe) débute un stage de formation auprès du club abidjanais du Crac (Cocody Rugby Abidjan Club). Une semaine de formations et d’échanges pour coacher une centaine de jeunes Ivoiriens et leurs éducateurs. La Côte d’Ivoire qui regorge de talents en matière rugbystique pour peu que des clubs offrent des opportunités de se perfectionner au jeu du ballon ovale…
Elle est enthousiaste, la légende du rugby français et toulousain. L'ex-joueur Émile Ntamack, devenu directeur de la Stade Toulousain Academy, propose avec ses compères formateurs des stages avec des clubs un peu partout dans le monde. Et cette semaine, ce sera avec le CRAC, le Cocody Rugby Abidjan Club, un club dont l'un des fondateurs est Emmanuel Henao, honoré et ravi d'accueillir pendant une semaine les formateurs toulousains qui vont prodiguer leur savoir aux jeunes Ivoiriens et à leurs encadrants.
« C'est à la fois une étape magnifique du travail fourni, de notre capacité aussi à être pris au sérieux. Je dis souvent à mes joueurs et à mes joueuses, qu'on doit se prendre au sérieux pour que les gens nous prennent au sérieux. Et c'est évidemment pour nous une espèce de consécration. Et puis en même temps, c'est un départ, parce qu'on se dit qu'on est parti peut-être pour trois ans de partenariat avec eux, donc, effectivement, c'est une magnifique consécration. Il y a la notoriété et le prestige du Stade Toulousin, on est reconnu en fait et par là, on peut aller chercher les meilleurs ».
Se prendre au sérieux pour que les gens nous prennent au sérieuxS'améliorer, échanger, renforcer les techniques de jeu et d'entraînement, ce sont autant de choses que transmettra la Toulouse Academy pendant cette semaine de stage supervisée par Émile Ntamack qui n'était pas revenu en Côte d'Ivoire depuis ... « fatigué... » comme disent les Ivoiriens.
« J'étais tout petit, se souvient-il, donc c'était il y a presque 54 ans ( rires)... Mon père est originaire du Cameroun donc, petits, on a été amenés à voyager au Cameroun et en Côte d'Ivoire. J'avais un tonton qui travaille là-bas mais j'ai très, très, très peu de souvenirs et c'est pour ça que je suis ravi d'y revenir ! ».
Revenir en Côte d'Ivoire pour un stage qui devrait porter ses fruits, espèrent stagiaires et formateurs.
« Pour ce qui est de « porter des fruits », oui, on voit des éducateurs qui ont plus de 'billes' pour être plus à l'aise, pour pouvoir encadrer les jeunes. Plus de variétés, plus d'ateliers, plus de 'skills' (exercices ndrl). Cela donne plus de sens dans ce qui se met en place sur le travail pour les enfants. Après, ce n'est pas pour autant qu'on a, depuis, sorti trois joueurs internationaux. Ce n'est pas le but. Le but, c'est d'être en phase avec ce qu'on fait. Quand on fait une pratique, on est passionné. On est tous friands de ça et ce qu'on propose, c’est que les joueurs, soient plus enthousiastes, s'amusent plus… Parce que, finalement, il y a plus de rythme, plus de dynamisme, plus de jeux. Forcément, c’est plus plaisant pour les enfants dans l'activité. Si déjà les gens sont heureux de la pratique du rugby, ils reviennent de plus en plus nombreux. Ça, c'est un signe, déjà, de progression ».
Une progression que vise également Ismaël Hessani, formateur à l'académie toulousaine.
« Le but, c'est d'ériger un pont entre les deux institutions. Faire 'effervescence' des différents projets qui peuvent être liés aux enfants, aux groupes d'adultes, qui souhaitent venir voir le niveau en France, à Toulouse ou dans des clubs autour ».
Favoriser l’essor et le développement du rugby ivoirienCes échanges entre clubs de rugby français et le Crac d'Abidjan ont ainsi permis à Jonathan Ange Dongo, 22 ans, de poursuivre ses études en Finances et sa passion pour le rugby. Il est en sport-étude à Niort, dans le centre de la France, en Fédérale 3 Espoir.
« Je pense que c'est au travers de ces différents clubs comme le Crac, qui ont la volonté de faire progresser les joueurs ivoiriens et le rugby ivoirien en général, que nous — joueurs de ces différents clubs – nous avons la chance d'avoir de telles opportunités. C'est vraiment un truc qui a commencé, il y a longtemps, peut-être depuis même la création du Crac en 2015 et il y a eu la matérialisation de ce genre, de projet simple. Les autres clubs vont commencer à emboîter le pas pour favoriser l’essor et le développement du rugby ivoirien ».
Et il est immense, le potentiel rugbystique ivoirien : ce n'est pas tout à fait un hasard si l'un des grands capitaines de l'équipe de France — un certain Thierry Dusautoir – est originaire de Divo, dans le district du Goh – Djiboua.