L’Afrique en marche à Abidjan où depuis six mois des artistes de différents domaines (musique, théâtre, danse) travaillent dur dans le cadre du Masa Lab’. Le Marché des Arts du Spectacle d'Abidjan - en dehors de son rendez-vous biannuel - a mis en place un incubateur permettant à cinq artistes de se perfectionner dans leur art et surtout de se professionnaliser pour mieux gérer leur carrière…
Derrière la porte du Yelam’s, une salle de concert au quartier Treicheville, répètent la chanteuse Ablaa et ses trois musiciens. Tous sont là pour un travail de résidence afin de se perfectionner sur scène.
Jeune révélation baoulé de la musique ivoirienne, Reine Ablaa s'est fait connaitre par les réseaux sociaux. Pas spécialement de formation musicale à la base, d'où l'importance pour elle de travailler avec cet incubateur, le Masa Lab’ avec un coach expérimenté, le chanteur camerounais Blik Bassi. « On nous "incube" pendant un an, on a droit à des jours de répétition pour venir travailler sur le spectacle. On apprécie le fait d'apprendre de professionnels, de mentors, le fait d'apprendre même de ces musiciens et de recevoir aussi des formations qui sont faites au Masa Lab’ où des gens viennent nous former sur des thèmes de l'industrie, comme la façon de lire et signer un contrat. Comment développer sa carrière musicale ? Quelles sont les différents enjeux pour chaque artiste en fonction de si vous travaillez en label, si vous travaillez avec des majors. On vous fait comprendre en fait l'industrie. Une vision 360 degrés et c'est ce qui est très intéressant aussi », se félicite ce jeune espoir de la musique ivoirienne.
Une vision artistique à 360°
Un apprentissage, un outillage adapté qu’a conçu Abou Kamaté, le directeur général du Masa. Il est à l'origine de ce projet d'incubation des artistes ivoiriens. « Notre constat est que les artistes ont encore besoin d'un accompagnement pour mieux se structurer, pour mieux se professionnaliser et être en capacité de proposer des produits qui peuvent se jouer localement mais aussi sur le marché international. Et donc le Masa Lab’, c'est un projet qui accompagne certes les artistes, mais aussi tous les métiers qui gravitent autour de la création artistique. Nous "incubons" certains artistes, mais aussi le manager, le chargé administratif, le chargé de communication. Il faut vraiment travailler sur cette question de professionnalisation, sur cette question de structuration, parce que c'est un business et il faut que les artistes puissent vivre de leur art pour cela. Ils ne peuvent pas juste compter sur leur talent, ils doivent aussi être de vrais entrepreneurs et c'est ça l'ambition du Masa Lab’ ».
Ils ne peuvent pas juste compter sur leur talent
Dans une autre salle de théâtre à Abidjan, Souleymane Sow, metteur en scène, répète et peaufine une pièce d'Edouard Elvis Bvouma, Une poupée barbue avec la comédienne Oga Kamouni. « Kamouni, affirme Souleymane Sow, c'est une comédienne qui est à l'écoute. Elle sort d'une école de théâtre. Je pense qu'elle a tout ce qu'il y a comme élément qu'une comédienne doit avoir. Je pense que dans le cadre de ce travail-là, on a un texte qui a une résonance. Donc à partir de cette résonance, on essaie de vraiment travailler. Les différents souffles, les différentes prononciations, donc on est vraiment dans un travail de recherche. Sur des matériaux, au niveau du plateau, en termes de corps, au niveau des tons, des voix et tout ça, on travaille aussi les différentes ponctuations qui sont dans le texte ».
À l’écoute à ses côtés Oga Kamouni, jeune comédienne sortie de l’Insaac mesure sa chance d’être intégrée au Masa Lab’. « Disons que le Masa Lab', c'est une belle occasion qui est faite aux artistes. C'est une opportunité pour nous de montrer nos talents et puis surtout de faire la rencontre de grands professionnels. Par exemple, Monsieur Sow, c'est un grand metteur en scène ici qu'on connaît très bien. Tout le monde rêve de travailler avec lui. Tout ce que je n'arrive pas à travailler , je parviens à le faire avec lui. Et c'est aussi une belle rencontre avec d'autres professionnels qui viennent d'ailleurs ».
Au terme de ce mentorat artistique en danse, en musique et en théâtre, les artistes encadrés du Masa Lab’ joueront face au public lors du prochain Masa en 2026.