Un raz-de-marée de GNL attendu sur le marché

Un raz-de-marée de GNL attendu sur le marché

RFI
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D'ici à deux ans, la production de gaz naturel liquéfié pourrait inonder le marché, selon un rapport de l'Institut pour l'économie de l'énergie et l'analyse financière. Cette explosion de l'offre devrait s'accompagner d'une augmentation moins forte des besoins. Un cocktail qui devrait plaider sur une baisse des prix.

L'addition des capacités de production actuelles, à celles qui sont en construction ou dont le financement est approuvé annonce une vague massive de GNL sur le marché. En chiffres, cela pourrait se traduire par une augmentation de la capacité mondiale d'approvisionnement de 40% dans les cinq prochaines années, à en croire l'Institut pour l'économie de l'énergie et l'analyse financière, auteur d'un rapport sur le sujet.

Plus de la moitié des nouveaux projets se situent au Qatar et aux États-Unis, selon l'Agence internationale de l'Énergie, pays qui illustre parfaitement cet engouement pour le gaz naturel liquéfié. Les États-Unis n'en produisaient pas avant 2016, mais ont réussi à devenir l'année dernière le premier exportateur mondial. 

Demande médiocre

En Amérique comme ailleurs, les projets ont été dopés par deux années de prix élevés, liés à la hausse des importations européennes pour compenser la baisse des achats de gaz russe. Des prix qui en contrepartie ont affecté la croissance de la demande, qualifiée de médiocre par les auteurs du rapport, selon le rapport l'IEEFA sur les perspectives mondiales pour le GNL 2024-2028, comme si les grands importateurs avaient été refroidis par les prix et avaient autant que possible misé sur d'autres sources d'énergie. 

Chez les acheteurs qui comptent, tels que le Japon, la Corée du Sud et l'Europe, les commandes de GNL ont globalement stagné l'année dernière, contrairement à ce qui était prévu. À titre d'exemple, les importations japonaises ont chuté l'année dernière de 8% et de 20% au total depuis 2018. La tendance devrait se poursuivre, selon le rapport, en raison de l'augmentation annoncée de la production nucléaire et du développement des énergies renouvelables. La Corée du Sud, historiquement le plus gros acheteur de GNL américain, prévoit de son côté une baisse des importations de GNL de 20% d'ici à 2030 pour répondre à ses objectifs climatiques.

Des prix qui s'annoncent plus attractifs

Sur les marchés asiatiques émergents, la croissance fondamentale de la demande est confrontée à une multitude de défis, défis budgétaires, et aussi retards dans la construction d'infrastructures de GNL. Pour des raisons économiques et stratégiques propres à chaque État, les niveaux d'importation à venir sont donc très incertains au Vietnam, aux Philippines, au Pakistan, mais aussi en Chine, selon l'IEEFA.

Ce contexte de déséquilibre entre l'offre et la demande devrait atténuer les prix, et les rendre plus attractifs, mais selon les auteurs du rapport, pas suffisamment pour les économies les plus en difficultés d'Asie. Ces prix sont par ailleurs susceptibles d'être à nouveau tirés vers le haut par une escalade du conflit au Moyen-Orient, prévient la Banque mondiale dans ses perspectives sur les marchés mondiaux des matières premières publiées la semaine dernière. 20% du commerce mondial de gaz naturel liquéfié transite par le détroit d’Ormuz rappelle l'institution, qui précise que « si l’approvisionnement en GNL était interrompu, les prix des engrais augmenteraient également considérablement » avec un impact potentiel sur le prix des denrées alimentaires.

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