Pour reconstituer ses stocks de blé, l'Inde en appelle aux négociants

Pour reconstituer ses stocks de blé, l'Inde en appelle aux négociants

RFI
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À la veille des élections parlementaires, l'Inde demande aux négociants en blé de ne pas se précipiter sur la nouvelle récolte : l'État a besoin de reconstituer au plus vite ses réserves, pour continuer à mettre en œuvre ses programmes d'aide aux plus démunis.

Chaque année, l'État indien achète du blé sur les marchés locaux, via une agence gouvernementale, la Food Corporation of India. Ce blé est destiné à son programme alimentaire pour les populations les plus défavorisées. L'année dernière, cette entité publique n'a pu acquérir que 26 millions de tonnes sur les 34 qu'elle s'était fixée. Elle a donc été contrainte de puiser dans ses stocks qui sont tombés au plus bas depuis 2017.

À la veille des élections législatives qui débutent le 19 avril, les autorités veulent donc reconstituer au plus vite les réserves nationales. Leur objectif est d'acheter plus de 30 millions de tonnes cette année sur les marchés de gros. Et pour que cela soit possible, elles appellent les opérateurs privés à la retenue, comme cela avait déjà été le cas en 2007.

Selon l'agence Reuters, les négociants auraient été priés de ne pas se ruer sur la nouvelle récolte vendue à compter de ce mois d'avril, afin de permettre à la Food Corporation of India d'avoir la priorité. La consigne aurait même été passée aux chemins de fer sommés, notamment dans l'Uttar Pradesh, de ne pas mettre de wagons à la disposition des acheteurs privés durant ce mois.

Objectif affiché : ne pas importer

Cette stratégie permettra-t-elle à l'État de ne pas avoir recours aux importations de blé ? Cela dépendra des volumes récoltés et de l'attitude des agriculteurs, qui pourraient être réticents de vendre au prix proposé par l'agence gouvernementale. 

Selon une note du ministère américain de l'Agriculture (USDA), le pays pourrait redevenir un importateur de blé qui compte et être contraint d'acheter cette année 2 millions de tonnes sur les marchés internationaux. Mais ce n'est pas l'objectif affiché par le gouvernement. Le blé est une denrée éminemment politique et les agriculteurs indiens constituent un réservoir de vote qu'il ne faut pas froisser. 

En 2022, New Dehli avait déjà pris une autre mesure perçue comme électoraliste : l'interdiction de l'exportation de blé, pour éviter une flambée des prix intérieurs, à l'heure où les marchés craignaient de manquer de grains de la mer Noire. Une interdiction qui pourrait rester en vigueur au moins jusqu'aux élections.