Par crainte de manquer de cuivre, la Chine relève sa prime à l'achat
01 May 2025

Par crainte de manquer de cuivre, la Chine relève sa prime à l'achat

Chronique des matières premières

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La Chine pourrait-elle manquer de cuivre ? C'est en tout cas ce que certains acheteurs semblent craindre. Ils se démènent pour sécuriser leur approvisionnement. Pour s'assurer d'être couverts, les importateurs chinois sont prêts à payer plus cher. 

La prime payée par les acheteurs, en plus du prix fixé par les cours, est un bon indicateur de leurs besoins. En Chine, et plus précisément dans le port de Yanshan de Shangaï qui est une des portes d'entrée du cuivre, cette prime est passée de 35 dollars la tonne en février à 94 dollars cette semaine, selon l'agence Bloomberg. Les acheteurs chinois n'ont jamais payé autant depuis fin 2023.

La hausse de cette prime illustre une tension sur le marché, alimentée par la baisse des stocks dans les entrepôts : selon les données de la bourse aux métaux de Shangaï, ils auraient chuté de près de 55 000 tonnes en une semaine, soit la plus forte baisse hebdomadaire enregistrée. Pour atteindre 116 800 tonnes la semaine dernière, selon le Financial Times. Selon le journal Mercuria, un négociant en métaux, estime qu'ils pourraient s'épuiser d'ici mi-juin. 

Concurrence des États-Unis

Si les Chinois se démènent pour importer du cuivre, c'est que les États-Unis sont devenus des concurrents inattendus ces derniers mois sur le marché. Les acheteurs américains, mais aussi les traders, ont acheté beaucoup plus de métal rouge qu’en temps normal, par peur d’éventuels droits de douane. Sur la place boursière de New York (COMEX) le cuivre s’est négocié ces dernières semaines jusqu'à 1 600 dollars par tonne de plus que le prix de la bourse de Londres (LME). Cela a logiquement attiré ceux qui avaient du cuivre à vendre.

Le niveau des stocks dans les entrepôts de la bourse américaine ont atteint leur plus haut niveau depuis 2018. Ce flux inhabituel de cuivre vers les États-Unis a commencé à inquiéter la Chine, gros consommateur de cuivre. 

La Chine acheteuse de cuivre et de ferraille 

Le pays est un des grands acheteurs de cuivre, mais aussi de ferraille de cuivre, qui pourrait, un jour ou l’autre, faire l’objet d'éventuelles taxes américaines. Les Chinois sont sur le qui-vive, car en 2024, ils ont absorbé la moitié de la ferraille que les États-Unis ont exportée, selon l’agence Fastmarkets.

Les fêtes du 1er-Mai et les cinq jours de pause qui vont avec en Chine devraient cependant ralentir l'agitation ambiante autour du métal rouge. D'autant que les indicateurs économiques ne sont pas fabuleux dans le pays, notamment ceux du secteur manufacturier qui sont moins bons que prévu.

La demande en cuivre pourrait ne pas être si forte que cela finalement, de quoi calmer les esprits si cela se confirme et mettre fin peut-être à la course aux primes chez les grands acheteurs de cuivre du marché.

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