L'évolution du marché du cobalt suspendue à une décision de la RDC
03 June 2025

L'évolution du marché du cobalt suspendue à une décision de la RDC

Chronique des matières premières

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Le marché du cobalt est toujours secoué par la décision de la République démocratique du Congo, prise fin février, de ne plus exporter son minerai pendant quatre mois. Le pays produisant les deux tiers du cobalt mondial, l'annonce a donc fait l'effet d'un séisme dans le secteur. La filière est maintenant dans l'attente de ce que décidera la RDC d'ici à la fin du mois de juin.

La décision de Kinshasa a permis de faire remonter les prix, c'était son but. Mais elle a aussi asséché le marché, dont les stocks de métal disponibles à l'extérieur du pays n'étaient que de quatre mois de consommation, début janvier 2025, selon l'Institut du Cobalt, qui regroupe les industriels de la filière. Les usines de raffinage, qui souffraient des prix bas, manquent maintenant d'approvisionnement en matière première. 

Le marché a été si bousculé, que l'Institut du cobalt, détaille, dans un rapport publié fin mai, quatre scénarios, en fonction de ce que Kinshasa pourrait décider.

Quatre scénarios pour les marchés

Les volumes qui sortiront de République démocratique du Congo (RDC), dans les prochains mois, seront déterminants pour savoir si le marché restera excédentaire. Selon les hypothèses, le trop-plein de cobalt pourrait durer jusqu'en 2030 au moins, ou au contraire laisser place à un déficit dès 2027. Qui dit déficit, dit, en général, remontée des cours. 

Le positionnement de la RDC aura aussi un impact sur la consommation : les difficultés d'approvisionnement sur le long terme pourraient « détruire la demande », comme on dit dans le jargon, et conforter les technologies qui se passent de cobalt comme celle des batteries LFP (lithium fer phosphate).

Une demande record, en hausse

Selon les derniers chiffres publiés par l'Institut du Cobalt, la demande n'a jamais été si forte qu'en 2024, avec une consommation de plus de 200 000 tonnes qui pourrait doubler d'ici à la fin de la décennie, selon les prévisions de Benchmark.

Le secteur le plus gourmand est celui de l'automobile : à l'horizon 2030, près de 60% du cobalt pourrait être absorbé par la fabrication de batteries. Les prévisions restent difficiles et sont « plus pessimistes qu'auparavant », selon l'Institut du Cobalt, car elles sont mises à mal par la situation économique mondiale et par la politique de l'administration Trump moins favorable à la généralisation des véhicules électriques. 

Parmi les pays producteurs qui profiteront de demande, il y a la RDC au premier chef, mais aussi l'Indonésie dont la part de marché ne cesse d'augmenter. La RDC qui représentait jusqu'à ce qu'elle gèle ses exportations 76% de l'offre mondiale, devrait voir sa part baisser à 65% en 2030 pendant que l'Indonésie devrait, à cet horizon, voir la sienne grimper pour atteindre 22% du cobalt mondial.

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