Les prix du sucre en baisse, aidés par le pétrole et le Brésil
05 May 2025

Les prix du sucre en baisse, aidés par le pétrole et le Brésil

Chronique des matières premières

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La chute des cours du pétrole entraîne dans son sillage celle des cours de l'éthanol et indirectement celle des cours du sucre : la canne à sucre et la betterave sont aussi des sources de biocarburant et quand les prix du pétrole baissent, les sucreries préfèrent produire du sucre.

Le choix est vite fait pour les usines de transformation, surtout celles du Brésil qui ont une flexibilité de production. Cette année, les volumes de canne dédiés au sucre dans le pays pourraient atteindre un niveau record et pourraient encore augmenter l'année prochaine grâce à des investissements qui devraient permettre de produire un jus de canne plus pur et donc de maximiser la transformation en sucre.

Si les prix du pétrole brut continuent de baisser, la tendance ne va faire que se renforcer. Plus de sucre sur le marché, cela veut dire des prix qui baissent : ceux du sucre brut sont tombés à moins de 17 cents la livre à la bourse de New York, la semaine dernière. Cela fait plus de trois ans et demi qu'ils n'ont pas été si bas.

Des stocks en baisse en Inde et en Europe

L'annonce ces derniers jours d'une production brésilienne moins mauvaise que prévu, même s'il faudra attendre le mois de juin pour consolider la tendance, est aussi un des facteurs de baisse des prix.

La récolte de canne devrait rester en deçà de celle de l'année dernière – S&P prévoit 602 millions de canne traitée contre 630 l'année dernière –, « mais l'important, c'est le volume transformé en sucre » dans le pays, explique un expert. C'est ce qui compte pour les marchés et ce qui guide les prix, le Brésil étant le premier exportateur mondial de sucre.

La situation actuelle est contrebalancée par des signaux qui pourraient tirer les prix vers le haut. On peut parler des surfaces en baisse en Europe (-8%), mais aussi des stocks : selon la Commission européenne, la campagne commerciale pourrait se terminer avec les réserves les plus basses depuis trois ans, soit 1,9 million de tonnes.

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Campagne déficitaire

Les stocks pourraient aussi chuter en Inde en raison d'une baisse de la production pour cause de mauvaise mousson et de surfaces qui ont baissé dans deux États clés, mais aussi de la décision des autorités d'allouer un quota plus important à la fabrication d'éthanol : contrairement au Brésil, les prix du sucre et de l'éthanol sont fixés en Inde et donc moins sensibles au cours du pétrole.

Ce « détournement record du sucre vers l'éthanol » en Inde contribue à alimenter le déficit qui se profile, explique Timothé Masson, secrétaire général de l’Association mondiale des planteurs de betteraves et de canne à sucre, dans sa dernière note de marché. Ce déficit est évalué à 3,9 millions de tonnes en 2024/2025 et 1,5 million de tonnes en 2025-2026 par l'agence S&P Global.