Les prix du riz continuent à chuter sous l'impulsion des volumes indiens
08 May 2025

Les prix du riz continuent à chuter sous l'impulsion des volumes indiens

Chronique des matières premières

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Le scénario sur le marché du riz se confirme : le retour mi-octobre des exportations indiennes, après des mois de restrictions, a fait considérablement baisser les prix. Ceux qui pariaient en début d’année sur une baisse qui allait se poursuivre, ont eu raison.

La baisse n’a pas cessé depuis mi-octobre. Le marché s’est effondré un peu plus en avril, après l’annonce par New Delhi de la levée des dernières restrictions sur le riz brisé. Globalement, les prix ont chuté de 35% par rapport à leur sommet de 2024. La première explication, c'est que l'Inde est partie pour exporter autant qu'en 2022, une année record. Les dernières prévisions font état de 23 millions de tonnes qui pourraient être exportées cette année, voire 24 millions, selon le groupe Olam Agri India cité par l'agence Reuters. 

L’autre facteur qui explique cette baisse des prix est le niveau très élevé des stocks qui rassure les acheteurs et qui contribue à apaiser le marché. Rien qu'en Inde, les stocks de riz, y compris le riz non décortiqué, dans les entrepôts gouvernementaux s'élevaient à plus de 63 millions de tonnes au 1er avril, c'est près de cinq fois l'objectif fixé par le gouvernement indien de 13,6 millions de tonnes, selon l’agence Reuters.

Relance des achats 

Les stocks grossissent aussi en Thaïlande et au Vietnam, deux exportateurs qui n'arrivent plus à concurrencer les prix bas de l'Inde et exportent donc moins cette année. Au niveau mondial, on a dépassé 200 millions de tonnes de stock, c’est l'équivalent d'environ 38% de la consommation annuelle.

Début 2025, de nombreux importateurs hésitaient à passer commande, même après une première baisse des prix. Mais la chute qui s'est poursuivie les a convaincus de relancer leurs achats. Parmi eux, on trouve des pays africains, Sénégal, Bénin, Nigeria, Côte d'Ivoire, mais aussi les Philippines.

Stabilisation des prix 

Ces achats ont certainement contribué à la stabilisation des prix. Ils ont arrêté de chuter depuis fin avril en Inde, au Vietnam et au Pakistan, seuls les prix thaïlandais ont augmenté de près de 5% depuis début avril, en grande partie en raison du raffermissement du bath par rapport au dollar, explique Patricio Mendez del Villar, économiste au Cirad, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, et éditeur de la note de conjoncture Osiriz.

Cette stabilisation est peut-être aussi due à un creux dans la saison de production asiatique et au fait que la roupie indienne s'est renforcée, ce qui soutient les prix du riz en dollar. Plusieurs acteurs du négoce estiment qu'un prix plancher a peut-être été atteint sans pour autant que l'on assiste à un véritable rebond.

Offre mondiale record

Ces prix bas pourraient se prolonger plusieurs mois, car fondamentalement, la production mondiale s’annonce bonne et le marché a intégré que l'Indonésie, qui avait acheté 4 millions de tonnes l'année dernière, serait beaucoup moins demandeuse cette année.

Le bureau météorologique indien prévoit des pluies de mousson supérieures à la moyenne pour la deuxième année consécutive en 2025, ce qui stimulera la production de cet automne. L'offre mondiale de riz, y compris les stocks, devrait atteindre un niveau record de 543,6 millions de tonnes contre 535,4 millions de tonnes l'année précédente et dépasser de 27% la demande cette année, selon les estimations de l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

Les riziculteurs africains en profiteront-ils ?

En raison des perspectives de production, l'Association indienne des exportateurs de riz s'attend à ce que les prix fluctuent d'ici à la fin de l'année dans une petite fourchette de 10 dollars autour de 390 dollars la tonne pour le riz brisé à 5%.

C'est une bonne nouvelle pour les consommateurs, mais pas forcément pour les producteurs asiatiques, ni pour les riziculteurs africains, car quand le riz importé est si compétitif, ils ont plus de mal à écouler leurs volumes sur les marchés urbains, et sont moins incités à planter l'année suivante. « Les politiques d’autosuffisance volent en éclats dès que les prix mondiaux baissent », résume Patricio Mendez del Villar.

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