Les prix du coton, ballotés par la guerre commerciale, pèsent sur l'Afrique
12 May 2025

Les prix du coton, ballotés par la guerre commerciale, pèsent sur l'Afrique

Chronique des matières premières

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Comme d’autres matières premières, le coton est pris dans les turbulences de la guerre commerciale et les changements de cap de l’administration Trump. La Chine est le premier importateur d'or blanc, les États-Unis, un exportateur majeur, les relations entre les deux pays sont donc scrutés à la loupe dans le secteur.

La mise en place des taxes douanières américaines et la riposte chinoise ont entraîné, ces dernières semaines, une « baisse ostensible des importations de coton américain en Chine », selon la lettre de marché de Mambo Commodities, datée du 28 avril et représentaient une menace sur les importations de textile chinois aux États-Unis

L'annonce ce lundi d'un allègement conséquent des droits de douane entre les deux pays pourrait rebattre les cartes, au moins pour les 90 jours à venir.

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Quel marché pour le coton américain ?  

Les États-Unis exportent environ 11 millions de balles par an et pourraient, si les tensions duraient, probablement écouler leur coton ailleurs qu'en Chine. Le contexte actuel n'est cependant pas porteur. « Les filateurs asiatiques sont restés prudents ces dernières semaines, personne ne veut s'engager, et encore moins sur le long terme », constate un négociant français. 

À cette époque de l'année, la récolte américaine s'est déjà bien vendue et sa commercialisation n'est donc pas menacée. D'autant moins que pour obtenir une levée des taxes les concernant, des pays de filature comme le Vietnam, le Bangladesh et le Pakistan pourraient accepter, dans un cadre bilatéral, d'augmenter leurs importations de coton américain.  

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Les ventes de coton africain à la traîne

Si le Bangladesh achète plus de coton des États-Unis, ce serait potentiellement un coup dur pour les pays producteurs du continent qui exportent jusqu'à 70% de leur récolte vers les usines de ce pays asiatique, rappelle Mambo Commodities. 

Pour l'heure, la concurrence vient surtout du Brésil : en raison de son mode de production, le coton brésilien est plus compétitif et offre une qualité standard qui séduit de plus en plus.

La baisse des cours du coton - qui a perdu près d'un tiers de sa valeur en un an - a fait tomber l'or blanc africain sous son coût de production et paralysé les exportateurs qui veulent éviter de vendre à perte.

Il reste à ce jour du coton invendu dans la plupart des pays d'Afrique de l'Ouest, selon un de nos interlocuteurs à la tête d'une société de négoce. La commercialisation de la récolte pourrait se prolonger jusqu'en décembre ou janvier au rythme actuel, assure cet expert, soit bien au-delà des délais habituels.

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