L'embargo européen sur le chrome (métal) russe profite à la Chine
04 March 2025

L'embargo européen sur le chrome (métal) russe profite à la Chine

Chronique des matières premières
About

C'est une des conséquences du seizième paquet des sanctions européennes contre la Russie, adopté le 24 février : le chrome russe, un métal, prisé pour sa résistance à la corrosion et utilisé pour la fabrication d'aciers et d'alliages, utilisés dans l'industrie automobile et aérospatiale notamment, n'est plus le bienvenu en territoire européen. Mais comme pour beaucoup de matières premières produites en Russie, les Européens ont déjà appris à s'en passer.

Les traders en métaux ont peu à peu éliminé le chrome russe de leur portefeuille ces derniers mois, car les utilisateurs finaux, en particulier ceux qui fabriquent de l'acier, ont montré qu'ils étaient réticents à se fournir en Russie. Donc, à quelques exceptions près, le métal russe a disparu des chaînes d'approvisionnement européennes, relève le cabinet Argus Media.

Mais cela n'en est pas moins un coup porté à la Russie, car l'Europe a été pendant longtemps son principal marché. Les ventes russes sur le territoire européen ont chuté en 2024 et depuis plusieurs mois également, un important producteur russe a cessé son activité en raison de difficultés d'approvisionnement en oxyde de chrome, un composé essentiel pour produire le métal.

À lire aussiUkraine: les Européens approuvent un seizième «paquet» de sanctions contre la Russie

La Chine gagne des parts de marché

Cette nouvelle donne profite à la Chine et ce n'est pas une grosse surprise. Le pays était jusque-là le principal concurrent de la Russie pour la fourniture de métal de qualité standard. L'empire du Milieu a donc naturellement gagné des parts de marché : l'essentiel du métal acheté sur le marché spot européen — pour une livraison immédiate — est aujourd'hui chinois, selon les données d'Argus Media

Deux producteurs européens ont aussi augmenté leur production de chrome de haute qualité, commercialisé à prix plus élevé. Les États-Unis aimeraient également proposer une offre alternative et lancer une chaîne de production du métal, mais à court terme, il est peu probable que le projet aboutisse, parce qu'une fois encore, la Chine a largement de quoi satisfaire la demande.

Prix en hausse de 2,5 % en Europe

Pendant longtemps, la Russie a été un acteur important sur le marché et très compétitif, donc l'absence de l'offre russe en Europe a provoqué une remontée des prix, notamment parce que la demande dans le secteur de l'aérospatial reste forte.

Les prix ont gagné environ 2,5 % depuis début janvier. Cette hausse n'est peut-être pas terminée, disent les négociants, mais pourrait être limitée, car les prix à long terme sont relativement stables, note Argus Media. Les prix actuels du chrome sont identiques à ceux d'il y a un an. 

À lire aussiAu cœur des nouvelles sanctions européennes contre la Russie, l'aluminium