Le Ghana se prépare à une campagne principale de cacao anticipée
11 May 2025

Le Ghana se prépare à une campagne principale de cacao anticipée

Chronique des matières premières

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Le deuxième producteur mondial de cacao, le Ghana, réfléchit à revoir son calendrier de commercialisation de fèves cette année. La campagne principale de cacao qui démarre traditionnellement le 1ᵉʳ octobre, pourrait débuter avec deux mois d’avance.

La Côte d'Ivoire et le Ghana lancent d'ordinaire leur campagne principale ensemble, le 1ᵉʳ octobre. À cette occasion, les deux pays fixent un prix garanti au producteur, un prix qui est généralement équivalent des deux côtés de la frontière, notamment pour éviter la fraude.

Cela fait deux ans que le Ghana prend quelques jours d'avance sur son voisin et lance la saison de commercialisation et de vente des contrats de cacao en septembre. Mais cette année, selon des sources officieuses, la campagne pourrait débuter entre le 1ᵉʳ et le 15 août. Parmi les explications avancées figure le facteur climatique, qui aurait accéléré la maturité des arbres : certains pourraient, par endroits, donner leur récolte principale, la plus importante, dès le mois de juillet. Mais cette modification de calendrier permet aussi techniquement de lancer la commercialisation des fèves et de réajuster les prix payés au planteur. Au Ghana, ceux-ci n'ont pas été revus à la hausse pour la récolte intermédiaire, qui débute en avril.

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S'aligner sur le prix ivoirien ?

Le prix au Ghana est inférieur à 1 900 francs CFA, alors qu’en Côte d'Ivoire, il est, depuis le 1ᵉʳ avril, à 2 200 francs CFA pour un kilo de fèves. Cet écart augmente le risque de fuite du cacao vers la Côte d’Ivoire, même si la récolte intermédiaire ghanéenne, celle du printemps, est traditionnellement beaucoup moins bonne, et plutôt destinée au marché local qu’à l’exportation.

Lancer la campagne cet été au Ghana permettrait aux autorités de s’aligner à nouveau sur le prix du géant ivoirien, sachant que la Côte d'Ivoire décidera peut-être d’augmenter son prix deux mois plus tard, à l’approche de la présidentielle.

Les deux pays vont-ils continuer à coordonner leur prix comme ils tentaient de le faire depuis quelques années sous l’égide de l’Initiative Cacao Côte d'Ivoire - Ghana ? C’est une des questions que pose le potentiel changement de calendrier ghanéen.

Consolider la production ghanéenne

Au Ghana, « chaque fève compte » résume un expert. L’année dernière, la production a baissé de plus d’un quart : le pays n’a pas pu honorer ses commandes et a dû piocher dans la récolte de ces derniers mois pour apurer ses anciens contrats.

Les défis de la nouvelle direction du Cocobod, l’organe régulateur de la filière, qui a pris ses fonctions en mars sont immenses : lutter contre le swollen shoot, la maladie du cacaoyer, et contre l’orpaillage qui grignote les terres du cacao, mais aussi repenser le mécanisme financier d’achat du cacao aux producteurs, qui a montré ses limites. Les nouveaux dirigeants du Cocobod font face à une dette colossale. L'anticipation de la récolte pourrait faire partie de leur nouvelle stratégie de réforme du secteur ghanéen.

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