Le coton camerounais sous pression malgré des bons rendements
07 May 2025

Le coton camerounais sous pression malgré des bons rendements

Chronique des matières premières

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Les festivités des vingts ans de l’Association des producteurs de coton africain se sont tenues la semaine dernière à Garoua dans le nord du Cameroun, le bassin cotonnier du pays. Le lieu de la célébration n’a pas été choisi au hasard, car le Cameroun est le pays qui présente les meilleurs rendements du continent. 

Le rendement du coton camerounais se situe autour de 1 500 kg par hectare, alors qu'il est de moins de 850 kg par hectares au Burkina Faso ou au Togo, par exemple. Selon les acteurs sur place, ces bons résultats s’expliquent par le suivi des itinéraires techniques, c'est-à-dire le respect d’un cahier des charges rigoureux : la bonne préparation du sol, le respect des dates de semis, l’usage des bonnes quantités d’engrais, les doses d’insecticides recommandées ou encore leur ordre d’utilisation. La qualité des semences est aussi mise en avant.

Pour en arriver là, il a fallu former les cotonculteurs et les accompagner. Autre spécificité au Cameroun : la sélection des producteurs. Un cultivateur qui ne parvient pas à un minimum de production est exclu du système. 

La dernière campagne s’annonce décevante

La campagne 2023-2024 a permis au Cameroun de se hisser au troisième rang des producteurs du continent avec près de 400 000 tonnes de coton graine récolté. La dernière campagne est en train de se terminer et les prévisions mettent en avant une baisse significative de la production. Elle devrait péniblement atteindre les 290 000 tonnes. 

Plusieurs facteurs expliquent cette production plus faible que la normale : des phénomènes météo extrêmes avec une partie des récoltes inondées, et sur d'autres parties du territoire, une saison sèche qui s'est prolongée. Les attaques de jassides, des insectes ravageurs déjà connus en Afrique de l'Ouest, sont une autre problématique majeure. À cela s'ajoute des délais importants pour l'obtention des agréments des produits phytosanitaires adaptés, ce qui a retardé le traitement du coton. 

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Les petits producteurs s'endettent 

Autre spécificité, le Cameroun est le seul pays du continent à ne pas subventionner les engrais. À première vue, il s'agit d'un point positif qui tend à laisser penser que la filière a su être suffisamment efficace et rentable pour ne pas avoir besoin de soutien. Cependant, la réalité est un peu plus complexe. Un fond de roulement permet d’avancer les engrais aux cotonculteurs, un coût soustrait aux producteurs lors de la vente du coton après récolte.

En réalité, beaucoup de petits producteurs vivent donc à crédit et cultivent pour rembourser les engrais. Ces dettes sont d’autant plus importantes que les prix des intrants ont grimpé en flèche depuis le début de la guerre en Ukraine. À Garoua, l’ensemble des acteurs de la filière espèrent un geste de la part des autorités. Ces dernières, le recul attendu cette année, mises à l'horizon 2030 sur une production de 600 000 tonnes.

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