Le blé dur français au pied du mur

Le blé dur français au pied du mur

RFI
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Le blé dur, principal ingrédient des pâtes alimentaires ou encore du couscous, est au cœur d'une situation paradoxale dans l'Hexagone. La demande ne cesse de se renforcer - notamment en raison d'une consommation de pâtes qui a bondi de 8% depuis 2019 - tandis que l’offre s'est écroulée ces dernières années. Face au risque d'effacement de la filière, les professionnels du secteur ont décidé de réagir.

Une surface de production divisée par deux en quinze ans : c'est la réalité de la filière du blé dur français. Les fabricants de pâtes tirent la sonnette d'alarme, d'autant plus que nombre d'entre eux, comme Panzani ou Lustucru, se sont engagés à produire exclusivement à partir de blé dur français.

Une culture qui n’attire plus

Plusieurs raisons expliquent ce manque d'intérêt des exploitants pour le blé dur. Tout d'abord, la faible rentabilité de la culture, considérée comme à risque puisque très sensible aux aléas météorologiques. Les agriculteurs souffrent aussi d’un manque de visibilité, les fluctuations du marché étant dictées par une production canadienne abondante. Enfin, la France, pourtant deuxième producteur européen de blé dur, souffre d'un net retard dans sa capacité de sélection génétique des variétés cultivées. Résultat : les plants tricolores s'avèrent moins compétitifs que ceux des pays concurrents.

Briser le cercle vicieux

Dans ce contexte, l'ensemble de la filière a élaboré depuis deux ans une stratégie de sauvetage : le Plan de souveraineté blé dur. L’État, sollicité par les professionnels du secteur, promet de financer 11 des 43 millions d’euros nécessaires au projet. Parmi les mesures phares de ce plan, on peut citer la mise en place de meilleurs systèmes d'assurance, en cas d'aléas climatiques par exemple. Les investissements en recherche et développement devraient être renforcés pour permettre la sélection de nouvelles variétés plus robustes. L'objectif sera également de multiplier les contrats entre les différents acteurs de la filière, depuis les producteurs jusqu'aux industriels, pour donner à chacun des perspectives stables sur les quantités produites.

Des financements de l’État qui restent à confirmer

La rédaction définitive du texte est toujours en cours, aucun financement n'a pour le moment été débloqué. Le ministre de l'Agriculture a, fin février, validé le principe du projet. Sera-t-il toujours une priorité du gouvernement dans deux semaines à l'issue des législatives françaises ? Le président du plan de pilotage blé dur se dit confiant : selon Frédéric Gond, toutes les tendances politiques ont la capacité de comprendre qu’il s’agit d’un enjeu de souveraineté alimentaire.

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