La Syrie peine à trouver de nouveaux fournisseurs de pétrole brut
02 February 2025

La Syrie peine à trouver de nouveaux fournisseurs de pétrole brut

Chronique des matières premières
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Les producteurs de pétrole ne se précipitent pas pour approvisionner la Syrie. Le premier appel d'offre publié par les nouvelles autorités n'a pas reçu de réponse. Un casse-tête pour le pays qui va devoir trouver d'autres solutions pour répondre à la demande en essence, gasoil et fuel.

Pour ses besoins immédiats, la Syrie cherche à importer 4,2 millions de barils de pétrole brut ainsi que 100 000 tonnes de fuel et de diesel. Des volumes qu'elle va devoir se procurer auprès d'intermédiaires locaux, puisque les majors pétrolières ont boudé les derniers appels d'offres émis par Damas. 

Selon l'agence Reuters, certaines sources au sein de ces majors auraient avancé un manque de visibilité sur la levée des sanctions, notamment celles prises par l'Europe. L'Union européenne a ainsi déclaré lundi qu'une feuille de route pour alléger les sanctions contre la Syrie était prête, mais qu'elle prévoyait une approche graduelle et le maintien d'un cadre strict.

Les majors pétrolières préfèrent attendre 

D'autres fournisseurs de pétrole auraient été dissuadés par les conditions financières : un paiement à crédit, assorti d'une obligation pour le vendeur de déposer une somme dans une banque syrienne allant de 200 à 500 000 dollars, selon les informations de Reuters. Cette « garantie de performance » permet à la Syrie de s'assurer qu'au dernier moment le pétrole qu'elle attend ne sera pas dérouté vers une autre destination.

« La pratique est courante, explique le négociant Charles Thiémélé, directeur Afrique de la société de trading pétrolier et gazier BGN SA, et les montants demandés en dépôt n'ont rien d'exceptionnel. Ils peuvent être parfois beaucoup plus élevés dans certains pays ». Mais de fait, dans ce cas précis, la vente a été jugée trop risquée, ou assez intéressante, par les compagnies pétrolières.

Plus aucune livraison d'Iran depuis novembre

Ce désintérêt pourrait mettre en difficulté la Syrie, et compromettre sa volonté de redresser son tissu économique. Les besoins du pays en produits raffinés sont évalués entre 100 000 et 200 000 barils jour. Ils étaient largement couverts avant la guerre par une production de 400 000 barils jours de brut. Mais depuis le début du conflit en 2011, la production nationale s'est effondrée, et le pays est devenu dépendant de l'Iran pour son approvisionnement. Or plus aucune cargaison iranienne de brut n'est arrivée depuis novembre dernier, selon les données de suivi maritime du cabinet franco-belge Kpler.

La Syrie doit donc à tout prix trouver de nouveaux fournisseurs. Le risque, pour le pays, est de se retrouver à sec, et de voir rapidement les prix grimper à la pompe, ce que cherche généralement à éviter un gouvernement nouvellement installé. 

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