La baisse de l’utilisation de cuir est une tendance mondiale, tous secteurs confondus (habillement, chaussures ou encore automobile) qui s'accompagne depuis plusieurs mois d'un ralentissement de la demande chez le premier acheteur mondial, la Chine. Une situation difficile pour la filière et en particulier pour le premier exportateur européen de cuirs et peaux brutes : la France.
La tendance de fond est à la baisse de la demande. Les constructeurs automobiles, par exemple, questionnent l'utilisation du cuir dans leurs véhicules, au profit de matériaux moins coûteux. L’intention a été affichée par plusieurs industriels même si elle peine encore à se concrétiser, mais cette tendance n'annonce rien de bon pour le secteur.
Il y a aussi des effets conjoncturels liés à la situation économique et géopolitique mondiale, qui rendent les investissements plus rares. Et puis, il y a la Chine, le « vrai sujet » aujourd’hui, confie Marc Brunel, directeur général de l’Alliance France cuir, car la demande chinoise est cruciale dans ce secteur comme dans tant d’autres.
Moteur chinois en panneLes exportations françaises de cuir et peaux brutes - non traitées, non tannées - vers la Chine ont augmenté de 8% (en valeur) cette année, mais les exportations de cuir fini vers le pays, elles, se sont effondrées de 31% alors que l’année dernière, elles avaient augmenté de 84%. « La Chine achète toujours de la matière brute qu’elle peut travailler dans ses tanneries, aussi bien pour le marché du luxe, localement, que pour le milieu et le bas de gamme, à l’international. Les cuirs finis haut-de-gamme déjà valorisés en Europe ont, eux, plus de mal à se vendre », explique Marc Brunel.
Ce ralentissement du marché n'est pas sans répercussion dans les pays exportateurs. L’affaiblissement de la demande internationale a ainsi fait reculer en moyenne de 4% l’activité de la tannerie mégisserie en France.
À lire aussiL’offre de peaux et de cuirs français se réduit
Prix en baisseLes difficultés du marché se répercutent sur les prix des cuirs et des peaux bruts qui ont baissé en moyenne de 40% depuis 2018, pour les peaux et les cuirs bruts, selon l'Alliance France cuir. Il y a cependant de grandes disparités de prix selon les types de peaux, le marché étant par exemple beaucoup plus tendu sur les peaux de veau, une spécialité européenne.
Ces prix semblent pour l'instant ne pas être influencés par la baisse du cheptel européen. Mais l'offre et le marché pourraient être impactés dans les prochaines années par une nouvelle donne : le changement des habitudes alimentaires. En France, on constate une baisse des élevages de races dites « à viande » au profit des races laitières. Or ces races fournissent des peaux plus fines et moins grandes, qui trouvent moins de débouchés en Europe.
Le cheptel français est aujourd’hui constitué pour 60% de races à viande et 40% de races laitières, mais le jour où les proportions s'inverseront, ce sera un changement majeur pour la filière du cuir qui réfléchit déjà à des stratégies d'adaptation.