La crise du bœuf américain profite aux exportations d'Australie
07 December 2025

La crise du bœuf américain profite aux exportations d'Australie

Chronique des matières premières

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Les droits de douane américains sur le bœuf ont été levés mi-novembre, mais pendant la période où ils ont été appliqués, ils n'ont pas freiné le commerce. Les États-Unis ont importé d'importants volumes. Ils sont partis pour être une nouvelle fois déficitaires en bœuf.

Les États-Unis restent encore tout juste les premiers producteurs, mais depuis 2023, ils sont en déficit, rappelle Jean-Paul Simier, expert de la filière viande. C'est-à-dire qu'ils importent plus qu'ils n'exportent. Ce déficit était de 700 000 tonnes l'année dernière.

Le pays, qui a longtemps été le plus grand exportateur de bœuf, fait face à une crise qui dure depuis des années : les sécheresses à répétition ont fait s'effondrer le cheptel à son plus bas niveau depuis 70 ans. Au mois d'août, pour citer un des derniers chiffres disponibles, les remplissages de parcs à engraissement étaient en baisse de 2% par rapport à l'année dernière, et il n'y a aucun signe d'amélioration à l'horizon. 

L'Australie augmente ses ventes aux États-Unis

Les exportations australiennes ont atteint un record cette année : 1,4 million de tonnes sur les onze premiers mois de l'année. C'est 15% de plus que l'année dernière, selon l'organisation professionnelle Meat&Livestock Australia.

Cette performance est en partie due à la demande américaine (+17%), qui a absorbé un tiers environ de la viande australienne – soit 412 000 tonnes jusqu'en novembre. L'Australie a aussi augmenté ses expéditions en Chine, au Japon et en Corée du Sud. Depuis plusieurs années, Canberra est devenu le deuxième exportateur mondial, derrière le Brésil. C'est le fruit d'un changement de stratégie : le pays a misé sur le développement de parcs à engraissement, à la mode américaine.

Des prix en hausse de 30% 

Ces élevages permettent de s'affranchir des alternances de sécheresse et de pluie sur les pâturages, et de proposer en complément des animaux nourris à l'herbe et une offre à l'export plus régulière. Ces animaux élevés aux céréales ont par ailleurs une qualité de viande qui se rapproche de celle des États-Unis ; un atout pour gagner des parts de marché au pays des burgers et des barbecues.

En juillet, le nombre de bovins à l'engraissement en Australie a atteint un record d'1,6 million de têtes, contre 1 million il y a cinq ans selon l'agence Reuters, qui relaie des projections à 2 millions en 2027. 

Mais l'Australie ne pourra pas seule nourrir le monde entier, et le Brésil non plus, rappelle Jean-Paux Simier. Le manque qui se profile se traduit par les prix qui ont augmenté de 30% aux États-Unis, comme en Europe, en l'espace d'une année.

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