Produire plus de pétrole n'est pas un problème climatique pour le président américain, mais un moyen de faire baisser les prix à la pompe. Une politique résumée par le slogan « Drill Baby Drill ». Mission réussie : les prix du brut ont chuté à leur plus bas niveau en quatre ans. À vouloir satisfaire ses électeurs, Donald Trump court cependant le risque de se mettre à dos l'industrie pétrolière et rend déjà service paradoxalement à la Chine.
En encourageant la production d'hydrocarbures, le président américain s'est positionné en allié des majors pétrolières qui sont implantées aux États-Unis, mais la baisse des prix qu'il alimente avec cette politique – qui s'explique aussi par la décision de l'OPEP+ de mettre fin progressivement à ses coupes de production à partir du mois de mai – pèse aussi sur les résultats financiers des entreprises.
La société britannique BP, déjà en difficulté, vient d'annoncer un bénéfice divisé par trois au premier trimestre 2025. Parmi les raisons invoquées, la volatilité des marchés. Chevron, ExxonMobil, Shell ou encore TotalEnergies traversent, elles aussi, une zone de turbulence économique et pourraient, selon plusieurs analystes, être tentées de repenser leurs investissements.
Inquiétude dans le secteur du schisteCe pétrole extrait des couches de schiste du sous-sol américain a un coût de production plus élevé et la baisse des recettes entame encore plus la rentabilité des exploitations. Pour réduire leurs dépenses, plusieurs opérateurs ont ralenti leur activité de forage comme ils avaient déjà été contraints de le faire pendant la pandémie en 2020. Si les prix ne se redressent pas dans les prochains mois, un avenir dévastateur se prépare pour le secteur du schiste, préviennent déjà des producteurs.
Le scénario est écrit, expliquent-ils au Financial Times : à moins de 60 dollars, les sociétés qui réaliseront des bénéfices seront de moins en moins nombreuses et, avec un pétrole sous la barre des 50 dollars, la moitié des entreprises pourraient disparaître au profit des plus puissantes d'entre elles et la production baisser à court ou moyen terme.
La baisse des prix profite à la Chine, 1ᵉʳ acheteur mondialLa stratégie de Donald Trump rend paradoxalement service à la Chine, son premier ennemi sur le front commercial. La Chine est le premier importateur mondial de brut et remplit ses stocks dès qu'ils sont bas, et dès que les prix sont favorables. Qu'importe presque le niveau de la demande, la Chine a une politique d'achat stratégique, ouverte à toutes les origines, que le pétrole soit russe, iranien ou vénézuélien.
Au mois de mars, ses importations ont bondi et s'accélèrent encore en avril. En ce moment, le pays importe environ 11 millions de barils par jour. Cela fait 18 mois que l'Empire du Milieu n'a pas tenu un tel rythme. Certaines raffineries auraient même repoussé leur maintenance annuelle pour continuer à produire de l'essence, du diesel et du carburant pour l'aviation. La cadence finira par ralentir une fois que les stocks seront reconstitués, mais ce ne sera peut-être pas avant le second semestre, selon le Financial Times.