La Chine fait une exception pour l’éthane américain. Pékin aurait discrètement levé les droits de douane de 125 % imposés début avril sur les importations d’éthane en provenance des États-Unis. Une décision non encore officialisée, mais confirmée par plusieurs sources industrielles. Elle vise à soulager les entreprises chinoises de la pétrochimie.
La Chine dépend fortement de l’éthane pour produire de l’éthylène, un composant de base dans la fabrication de plastiques, de solvants, de caoutchouc synthétique, mais aussi de textiles techniques, de composants électroniques ou d’emballages alimentaires. Autrement dit : une molécule au cœur de nombreux secteurs clés de l’économie chinoise.
Dans sa stratégie de montée en gamme, Pékin mise sur une pétrochimie plus performante, capable de produire à moindre coût et avec un meilleur rendement. Ce gaz est donc devenu un enjeu stratégique majeur.
Meilleur rendementL'éthane permet une production plus propre, plus efficace et plus rentable que d’autres matières premières comme le naphta ou le charbon, encore très utilisés dans l’industrie. Pour les entreprises privées chinoises, l’éthane américain représente un levier de compétitivité, à l’heure où Pékin veut renforcer son autonomie industrielle.
Problème : la Chine ne dispose pas de gisements d’éthane suffisants, et les alternatives – comme le propane – sont plus chères ou moins performantes. Résultat : une dépendance presque totale aux États-Unis, aujourd’hui seul fournisseur à grande échelle.
Ces dernières années, Pékin a massivement investi dans des infrastructures dédiées : des usines dernier cri, conçues pour fonctionner uniquement à l’éthane importé. Des groupes comme Wanhua Chemical ou Satellite Chemical ont bâti leur modèle sur cet approvisionnement. La capacité issue de l’éthane importé dépasse désormais 4 millions de tonnes par an.
Enjeu géopolitiqueEn 2025, la Chine a déjà importé plus de 1,3 million de tonnes d’éthane, exclusivement des États-Unis. Une rupture d’approvisionnement paralyserait une partie de l’appareil industriel, et fragiliserait les ambitions chinoises dans les matériaux de haute valeur ajoutée.
L’enjeu est aussi géopolitique : même en pleine guerre commerciale, certaines ressources restent trop stratégiques pour être coupées. D’où cette levée discrète des droits de douane de 125 %. Un geste tactique, alors que les tensions persistent sur d’autres fronts, comme les semi-conducteurs, les terres rares… ou Taïwan.
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