La Chine fait doubler les prix du gallium, petit métal stratégique

La Chine fait doubler les prix du gallium, petit métal stratégique

RFI
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Les prix du gallium ont été multipliés par deux depuis que la Chine en a limité les exportations l'été dernier, dans un contexte de rivalité technologique avec les États-Unis. Mais malgré cette hausse, la demande n'a pas baissé, le gallium est trop stratégique dans l'industrie des semi-conducteurs.

La décision chinoise annoncée en juillet 2023 a eu des conséquences immédiates. En août et septembre dernier, les exportations de gallium depuis la Chine ont presque cessé, pour reprendre ensuite, mais en deçà des flux habituels. L'Empire du Milieu a expédié un peu plus de  2 700 kg de gallium au cours des deux premiers mois de cette année, contre plus de 8 800 kg il y a un an pour la même période, selon l'agence Bloomberg.

Cette perturbation de l'approvisionnement s'est accompagnée aussi d'une hausse des prix : ils ont plus que doublé en huit mois, avec un gallium qui se vendait à 575 dollars le kilo fin mars, livré à Rotterdam. Une hausse qui a pu être provoquée par la crainte de manquer et l'urgence de regarnir des réserves trop basses par rapport aux besoins. Car la demande n'a pas baissé : le gallium n'a pas vraiment de substitut, et son usage dans les technologies de pointe peut difficilement être réduit.

Ultra-dépendance à la Chine

Aux prix actuels, « la production et le raffinage de gallium sont devenus plus rentables » relève Raphaël Danino-Perraud chercheur associé à l'Ifri. Mais rien ne dit que cela suffise à redistribuer les cartes dans le secteur. Car une hausse des prix n'est pas forcément durable, par nature. 

Si adaptation il y a dans la filière, elle sera donc plus liée à une prise de conscience des pays occidentaux, qu'ils dépendent, aussi pour le gallium, dangereusement de la Chine. Une dépendance à deux chiffres puisque 97% du métal sous sa forme primaire - selon les chiffres du World Mining of Data - est produit dans l'Empire du Milieu. 

« Techniquement, l'Europe sait encore faire »

En France, un groupe de travail s'est constitué à l'initiative de l'Observatoire français des ressources minérales pour les filières industrielles (Ofremi), après la décision chinoise, pour réfléchir à la mise en place d'une solution à l'échelle européenne. 

Même si depuis 2016 il n'y a plus de production de gallium primaire sur le continent, « techniquement l'Europe sait faire », assure Aurélien Reys analyste au Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) et pourrait dans les deux années qui viennent à nouveau produire du gallium par raffinage de bauxite, si l'approvisionnement des pays membres était en danger.

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