Le 11 mars, le Soudan a suspendu toutes les importations de produits kényans. Une mesure de représailles après que le Kenya a accueilli à Nairobi en février les Forces de soutien rapide (FSR), les paramilitaires opposés à l'armée régulière, et leurs alliés. Pour les producteurs kényans de thé, la sanction est lourde, car le Soudan fait partie des dix premières destinations d’export.
Plus de 200 conteneurs de thé sont immobilisés. Selon l’EATT, l’association est-africaine du commerce du thé, 400 sacs destinés au Soudan sont bloqués dans le port de Mombasa ou sur des paquebots au large de Port-Soudan. Les pertes pourraient atteindre les 10 millions de dollars.
George Omuga, président de l’EATT, demande aux autorités kényanes de trouver une solution diplomatique. Les professionnels voudraient qu’un délai d’un mois leur soit au moins accordé afin d’écouler les stocks de thé déjà engagés dans la chaîne d’approvisionnement.
Brouille diplomatiqueMais la situation n’a pas l’air d’inquiéter William Ruto. Dans une interview à la télévision, la semaine dernière, le président kényan a assuré que son pays continuait de vendre son thé au Soudan. « C’est le marché lui-même qui l’oblige », explique-t-il. Une sortie qui a provoqué la colère de Port-Soudan. Dès le lendemain, son ambassade à Nairobi a publié un communiqué, pour remettre les points sur les i.
Il est encore trop tôt pour évaluer l’impact de la suspension des importations soudanaises sur le secteur kényan du thé. Elles avaient déjà chuté de plus de 70 % depuis le début de la guerre en 2023, selon le Bureau du thé du Kenya. En 2022, elles avaient rapporté 37 millions de dollars.
Vers de nouveaux marchésDans son rapport sur l’industrie 2024, le Bureau du thé du Kenya identifie de nouvelles pistes d’exportation, sur le continent. Parmi elles : le Tchad. Sans accès à la mer, c’est à travers le Soudan que ce pays sahélien s’approvisionnait jusque-là en thé.
Mais les principales destinations du thé kényan se trouvent en dehors du continent : le Pakistan reste le premier marché, avec plus de 21 millions de kilos achetés l’année dernière.
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