
Face au changement climatique, les prix de l'alimentation s'envolent dans le monde
Chronique des matières premières
Les prix de l'alimentation augmentent à cause du changement climatique, selon une étude publiée cette semaine dans Environmental Research Letters. Les auteurs analysent seize exemples à travers le monde. Aucun continent n'est épargné par ces hausses qui ont suivi des périodes de chaleur extrême, de sécheresse ou de précipitations abondantes entre 2022 et 2024. Et les réponses des États restent court-termistes.
Au Royaume-Uni, c'est le prix des pommes de terres qui a augmenté de 22% l'année dernière à cause des fortes pluies hivernales. Au Pakistan, le prix des denrées alimentaires a bondi de 50% dans les semaines qui ont suivi les inondations d'août 2022. Des pluies de mousson inhabituelles, que le changement climatique a rendu entre 50% et 75% plus intenses, estiment les chercheurs.
Les canicules en Asie l'année dernière ont entraîné des hausses des prix des oignons en Inde, du chou en Corée du Sud, jusqu'au riz au Japon. En avril 2024, les prix mondiaux du cacao ont augmenté de près de 300% à la suite de la vague de chaleur record qui a frappé la Côte d'Ivoire et le Ghana deux mois plus tôt. À eux deux, ces pays représentent près des deux tiers de la production mondiale de cacao. Un évènement majeur pour leurs économies.
Des enjeux sanitaires, sociaux et politiquesCette hausse des prix a des répercussions bien plus vastes que simplement alourdir la facture des ménages. Les prix grimpent, mais les salaires ne suivent pas, et une étude de la Banque centrale européenne montre une hausse de l'inflation qui perdure jusqu'à un an après un évènement climatique.
Les ménages à faibles revenus tendent alors à réduire leur consommation d'aliments les plus chers tels que les fruits et légumes, car ils n'ont pas les moyens de se les offrir. Il y a donc un enjeu sanitaire qui peut aller de la malnutrition aux maladies chroniques causées par la malbouffe, en passant par les troubles mentaux liés à l'insécurité alimentaire. Ces crises menacent aussi la stabilité sociale et politique des pays, en exacerbant les inégalités, les tensions et les conflits.
Une adaptation nécessaire des systèmes agricolesIls prennent en général des mesures temporaires, comme bloquer les prix des denrées de base ou fournir des chèques alimentation aux plus vulnérables. À plus long terme, certains réfléchissent à diversifier leur agriculture pour ne pas être dépendants de la production d'autres pays et éviter de tout perdre après un évènement climatique.
Mais ces réponses ne suffisent pas et encore trop peu d'États prennent la mesure des catastrophes climatiques à venir. L'adaptation des systèmes agricoles au changement climatique est possible et nécessaire, mais tarde à être mise en route.
À lire aussiLes stocks de poissons se déplacent en raison du réchauffement climatique